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L’année ornithologique sénégalaise 2017 / Year in review

Comme cela semble une tradition chez les bloggeurs, je me suis pris au jeu de faire une petite revue de l’année 2017, ornithologiquement parlant bien sûr. On parlera évidemment des vraies raretés, mais aussi de l’exploration de quelques coins peu connus, des données de nidification et d’extension d’aire, et j’en passe. Pas facile en tout cas de résumer les points forts de ces douze derniers mois, non seulement parce qu’il y en a pas mal, mais aussi du fait que pour beaucoup d’espèces le statut réel au Sénégal reste encore à préciser: répartition, phénologie, statut et tendances. Difficile aussi de couvrir un pays entier quand on n’est que 3-4 ornithologues réellement actifs à y résider!! Il manque certainement des obs importantes dans ma synthèse – qui sera forcément incomplète – donc si vous avez des compléments ou des corrections je les ajoute volontiers.

D’abord les grosses raretés:

Ensuite, quelques autres migrateurs rares – Rare migrants:

  • Le Puffin majeur est vu à Ngor le 25/5 (2 inds.), une rare donnée “printanière”, alors qu’un passage important – et étonnant par la date – a lieu début décembre. Great Shearwater: two at Ngor on 25/5 were apparently the first May record, while a strong passage was noted early December. 
  • Un Grand Cormoran de la ssp. maroccanus était lui aussi à Ngor, sur les enrochements, les 2 et 15/12. Great Cormorant at Ngor in December. 
  • Plusieurs Bondrées apivores sont notées entre le 9/10 et le 5/11, avec un autre même à fin décembre, alors que c’est une espèce apparemment rarement vue, en tout cas dans l’ouest du pays: Dakar, Toubacouta, Guéréo/Somone et Popenguine. Several Honey Buzzards in October and early November between Dakar and the Saloum, with another bird at Somone in late December. 
  • Deux Aigles de Bonelli sont vus dans la région des Trois-Marigots en novembre-décembre, où un imm. était déjà présent en fevrier, confirmant ainsi la présence régulière en très petit nombre dans le nord-ouest du pays. Ornithondar continue avec les rapaces, sous la forme d’un Vautour percnoptère noté le 25/12, espèce qui a aussi vu des effectifs importants dans le Boundou en fin d’année. Two Bonelli’s Eagles and an Egyptian Vulture near Saint-Louis.
  • Deux petits rallidés peu vus au Senegal ensuite: la Marouette poussin surtout, trouvée à Boundou les 4-5/11, mais aussi celle de Baillon au Djoudj (7/2) à la STEP de Saint-Louis (25/12), qui pourraient bien concerner un hivernant ou un oiseau de passage et non un local. Two little marsh skulkers that are rarely reported from Senegal, though they are probably quite frequent on migration, are Little Crake at Boundou, and Baillon’s Crake near Saint-Louis.
  • Plusieurs espèces peu fréquentes dans la région de Dakar sont vues pour la première fois au Technopole: Goéland dominicain, Flamant nain, Phalarope à bec large, Bengali zebré, Souimanga pygmée, Rolle violet, Hibou des marais, Pouillot ibérique. Egalement un Bec-en-ciseaux le 4/6 et une Sarcelle d’hiver le 9/11, avec d’autres migrateurs peu fréquents comme le Goéland leucophée et la Bécassine sourde à l’appui. A number of scarce species in the Dakar region were reported for the first time from Technopole: Kelp Gull, Lesser Flamingo, Grey Phalarope, Zebra Waxbill, Pygmy Sunbird, Broad-billed Roller, Short-eared Owl, Iberian Chiffchaff. Also African Skimmer and a Eurasian Teal, while other uncommon migrants seen at the site include Jack Snipe, Yellow-legged Gull.
  • Le 29/10, un Blongios de Sturm est à la lagune de Yène, endroit par ailleurs très fréquenté cet automne par les canards et limicoles. A Dwarf Bittern, along with good numbers of ducks and waders, was seen at Yene lagoon.
  • Un Martinet à ventre blanc est vu le 13/10 à Boundou, et le 13/11 il y en avait deux à Popenguine, où jusqu’à neuf Hirondelles de rochers étaient présentes en novembre-décembre. Alpine Swift at Boundou and at Popenguine, where up to nine Crag Martins were seen in Nov.-Dec.
  • L’Hypolais pâle, un hivernant probablement régulier mais rarement détecté au Sénégal, était à Palmarin le 19/2, alors que deux oiseaux sont identifiés le 28/12 près de Guéréo (dans la même zone qu’en mars 2016 – une coïncidence?). Eastern Olivaceous Warbler – probably regular, but very rarely detected. One was at Palmarin on 19/2, while two birds were at Guereo (Somone) on 28/12 (where one was seen in the same area in March 2016 – a coincidence?)
  • Une Pie-grièche isabelle est signalée près de Gossas (vers Ouadiour) le 28/11. Isabelline Shrike near Gossas on 28/11. 
  • Un hybride Pie-grièche à tête rousse x écorcheur le 26/8 au Lac Tanma était une première non seulement pour le pays mais apparemment aussi pour le continent africain. Hybrid Woodchat x Red-backed Shrike at Lac Tanma, apparently a first such record for Africa.
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Baillon’s Crake / Marouette de Baillon

Woodchat x Red-backed Shrike / Pie-grieche a tete rousse x ecorcheur

Woodchat x Red-backed Shrike / Pie-grieche à tête rousse x ecorcheur

Quelques autres observations intéressantes: effectifs records, nouvelles donnes sur la répartition – Other sightings: record numbers and new range data

  • Parmi les autres “premières” pour la réserve naturelle communautaire du Boundou se trouvent bon nombre de migrateurs paléarctiques comme la Spatule blanche (Eur. Spoonbill) ou le Becasseau cocorli (Curlew Sandpiper) et même un Fuligule nyroca (4-5/11; Ferruginous Duck), mais aussi quelques africains, migrateurs (Blongios de Sturm, Least Bittern), erratiques (Courvite à ailes bronzées, Bronze-winged Courser) et résidents (Gladiateur de Blanchot, Grey-headed Bush-shrikeBruant à ventre jaune, Brown-rumped Bunting).
  • Le Puffin du Cap-Vert est présent en fin d’hiver au large de Dakar, comme d’habitude, mais un effectif important est noté le 18/4 lorsque pas moins de 5’500 oiseaux se nourrissent devant Ngor. Cape Verde Shearwater: a max. of ca. 5,500 birds were feeding off Ngor on 18/4.
  • L’observation d’un Phaéton à bec rouge adulte sur l’Ile aux Oiseaux de la Langue de Barbarie les 7-12/4 était pour le moins insolite. Red-billed Tropicbird on the Langue de Barbarie’s “Bird Island” on 7-12/4.
  • Un Ibis hagedash survole la maison aux Almadies, Dakar, le 23/8, alors que l’espèce semble toujours présente sur la Petite Côte avec plusieurs observations en octobre. Hadada Ibis: one on 23/8 flying over Almadies, Dakar, and several observations at Somone and Saly. 
  • Le Marabout d’Afrique est vu aux Trois-Marigots (14/4), soit dans une région du pays où l’espèce est maintenant très rare semble-t-il. Marabou Stork at Trois-Marigots. 
  • Un Aigle huppard adulte a survolé le Lac Tanma tout en criant, le 1/10, donc hors de son aire regulière dans le pays. A Long-crested Eagle flew over Lac Tanma while calling, away from its regular range in Senegal
  • L’effectif d’environ 300 Foulques macroules le 16/5 à Ross-Bethio (près du Djoudj) est surprenant à cette période de l’année. A Dakar, il y en a eu deux au Lac Mbeubeusse le 7/10 et autant à Yène-Todé les 21-29/10. Around 300 Eurasian Coots were at Ross-Bethio on 16/5, a high count especially at this time of the year; in the Dakar region, two records of two birds. 
  • Un Trogon narina est de nouveau observé dans la réserve naturelle de Dindéfello (16/2), soit le seul site d’où l’espèce est actuellement connue, suite à sa découverte en 2010. J’allais aussi ajouter deux Bulbuls à queue rousse signalés dans la forêt de galerie au même endroit (3/2) et publiés dans le Bulletin de l’ABC, mais à en lire le rapport de voyage des observateurs on constate que l’identification est loin d’être certaine. Narina’s Trogon was seen again at Dindéfello, the only site in Senegal where the species, which was first recorded here in 2010, occurs. Two Leafloves were reported from the gallery forest here, but it seems that identification is far from certain despite being published in the ABC Bulletin.
  • Le Moineau domestique est maintenant bien implanté à Tambacounda semble-t-il, et l’espèce est vue pour la première fois au Boundou: l’expansion continue! House Sparrow now well established in Tambacounda and reported for the first time at Boundou. 
  • A Lompoul, le Petit Moineau est vu début janvier puis de nouveau confirmé à la fin de l’année, avec plusieurs oiseaux dont des chanteurs, bouchant ainsi un trou dans l’aire de répartition connue. Bush Petronia was found early January and confirmed again at the end of the year, thus filling a gap in the known distribution range.
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Cape Verde Shearwater / Puffin du Cap-Vert

Quelques donnees de nidification intéressantes – Interesting breeding records:

  • Le Canard à bosse a de nouveau niché au Lac Tanma (f. avec 12 canetons le 1/10); le Dendrocygne veuf a niché au même endroit et à la lagune de Yène. Knob-billed Duck noted breeding again at Lac Tanma, where also White-faced Whistling Duck, which also bred at Yene. 
  • Pas encore de nidification, mais des observations intriguantes de plusieurs Fous bruns dont des couples visiblement formés et montrant un comportement territorial, aux Iles de la Madeleine en avril-mai surtout – à suivre! Au même endroit, 5-6 couples de Sternes bridées étaient présents en juinBrown Boobies showing signs of breeding behaviour (but no confirmed breeding) at Iles de la Madeleine, where 5-6 pairs of Bridled Tern were present in June.
  • La nidification de la Gallinule poule-d’eau est confirmée au Technopole, tout comme celle – déjà constatée dans le passé – de la Talève d’Afrique. Moorhen confirmed breeding at Technopole, where African Swamphen was also seen breeding once again. 
  • Les Echasses blanches ont eu une très bonne année au Technopole, alors que la nidification a été attestée de nouveau dans le Djoudj. Black-winged Stilts had a bumper year at Technopole, while breeding was noted in the Djoudj. 
  • Toujours pas de preuve de nidification (faute d’avoir investi le temps qu’il faudrait!), mais les Tourterelles turques du parc de Hann sont toujours présentes – avis aux amateurs! Still no proof of breeding, but the small population of Eurasian Collared Doves in Dakar is still around. 
  • Un jeune Coucou jacobin vu en octobre près de la Somone constitue une rare donnée de nidification certaine (voire la première?) pour le pays. Un autre juvenile est vu à Patako début novembre Jacobin Cuckoo fledgling near Somone. 
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Bridled Tern / Sterne bridee

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Jacobin Cuckoo / Coucou jacobin

Et enfin, parlons un peu des coins peu connus ou peu explorés – Little explored areas:

  • L’un de ces sites est la forêt de Pout près de Thiès, que nous avons visitée en juin (Circaète brun, Pintade de Numidie, Oedicnème tachard, etc.), et plus encore la forêt de Patako près de Toubacouta, explorée par Miguel en novembre.
  • En Casamance, nous avons pu faire des observations à Kolda en mai, avec observations entre autres du Grébifoulque et du Rale perlé, deux especes rarement notées en Casamance même si elles doivent y être régulières. Egalement en Casamance, on a pu voir des Faucons crécerellettes et un Busard pâle en migration active près de Cap-Skirring, alors qu’à Diembering on a pu confirmer p.ex. la présence de l’Apalis à gorge jaune (+ Phyllanthe capucin et quelques autres spécialités forestières à l’écoparc). Gabriel de son côté a pu visiter la région de Vélingara, avec notamment l’observation d’un Bihoreau à dos blanc. African Finfoot & White-spotted Flufftail at Kolda in Casamance. There appear to be very few, if any, recent records from Casamance even though the species is likely to be widespread. Also in Casamance: Cap Skirring – Lesser Kestrel and Pallid Harrier; ecoparc near Diembering: Yellow-throated Apalis, Capuchin Babbler, etc. Also a White-backed Night-Heron near Velingara. 
  • Quelques visites dans la steppe, les dunes et les niayes près du Lac Rose, trop peu visitées par les ornithos, ont produit des observations d’hivernants peu courants à cette latitude, comme l’Alouette calandrelle, le Traquet isabelle, ou encore le Traquet oreillard A few visits to the steppe, dunes and niayes near Lac Rose, rarely visited by birders, yielded several interesting records of winter visitors that are reputed to be mostly restricted to northern Senegal: Greater Short-toed Lark, Isabelline Wheatear, Black-eared Wheatear.
  • Enfin, en 2017 nous avons pu mener ce qui doit être le premier suivi systématique sur l’ensemble de la saison de migration d’automne des oiseaux de mer, devant Dakar. Les faits marquants comprennent notamment un effectif record de Mouettes de Sabine, un passage impressionnant de Puffins cendrés et de Scopoli, un Puffin de Boyd et un Puffin des Baléares, et bien plus encore – résumé complet iciLast but not least, in 2017 we conducted what was the first extensive seabird migration monitoring effort in Senegal (and more generally in West Africa it seems), with regular observations made from the mainland at Ngor between the end of July and the end of December. Highlights included a record number of Sabine’s Gulls, strong passage of Cory’s and Scopoli’s Shearwater, a Boyd’s Shearwater, a Balearic Shearwater, and much more. 
African Finfoot / Grebifoulque

African Finfoot / Grebifoulque

Que nous apportera 2018? Dans tous les cas, avec un nouvel ajout à la liste nationale des le 1er janvier, l’année a bien commencé!

 

 

 

La réserve naturelle de Popenguine

On a déjà parlé à plusieurs reprises de cette réserve si particulière, notamment pour vous faire part d’observations de Monticoles ou des Bruants d’Alexander, deux espèces emblématiques du site. J’ai eu la chance d’y faire une visite matinale il y a une quinzaine de jours, avec comme toujours des observations intéressantes à rapporter; d’autres ornithos ont également pu y faire des obs remarquables ces dernières semaines. C’est donc l’occasion de faire un rapide tour d’horizon de ce qu’on peut voir comme oiseaux à Popenguine, cette ancienne mission catholique qui de nos jours tient tout autant de la tranquille station balnéaire, du village sénégalais endormi et poussiéreux, que du lieu de pèlerinage et de culte.

Si cet espace naturel est protégé depuis longtemps (1936!), c’est à Charles Rouchouse (de l’ORSTOM, l’IRD de l’époque) qu’on doit la création de la réserve naturelle, en 1986, suite à quoi une meilleure protection est mise en place; vous pouvez en lire un peu plus sur l’histoire du site ici. Le milieu – principalement une savane arborée soudano-sahélienne – s’est bien rétabli depuis la création de la RNP, et les 1’009 ha que compte la réserve valent la peine d’être explorées à toute saison. Actuellement les quelques visiteurs se limitent généralement aux falaises, mais il y a sans doute de quoi parcourir à l’intérieur du périmètre. Je devrais vraiment y aller plus souvent, et prendre du temps pour explorer cette partie moins bien connue! Peut-être l’occasion de tomber sur une des espèces de mammifères qui auraient refait apparition depuis la création de la réserve, dont la présence de certains serait plutôt étonnante (en même temps, les bêtes à poils je ne m’y connais pas trop!) : sont mentionnés le Guib harnaché et même le Céphalophe de Grimm, la Hyène tachetée, Civette, Genette, Loup africain, et Porc-épic. Et il y a bien sûr les deux espèces de singes (Patas et Cercopithèque, le “singe vert”), Ecureuils fouisseurs et Lièvres du Cap qu’on aura plus de chance à voir que les autres espèces citées, bien plus farouches ou nocturnes.

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Vue vers le nord depuis le sentier de la falaise, un matin brumeux de novembre… Au fond, le village de Popenguine

 

Mais revenons-en aux oiseaux, à commencer par les “grives des rochers”: je me contenterai de partager ces quelques clichés lointains des Monticoles bleus, et de dire que l’espèce était déjà présente le 15 octobre cette année. Et que lors de ma dernière visite il y avait 2-3 oiseaux (un mâle, un type femelle) sur les falaises, plus un oiseau bien moins attendu car posé sur des bâtiments en limite du village, sur la partie haute non loin de la réserve. En fait c’est en quittant la chambre d’hôtes où nous étions logés, tôt le matin du 13/11, que j’ai pu voir un oiseau sur la villa même! Plus tard en milieu de matinée, rebelotte mais cette fois sur une maison voisine en construction (comme 90% des maisons sénégalaises!) d’où il a chanté un peu. Pas vu de Monticole de roche cette fois, donc pour l’instant j’en reste à notre seule et unique obs de février 2016 pour cette espèce, qui à en croire les quelques données historiques pourrait bien être régulière dans le secteur.

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Blue Rock Thrush / Monticole bleu, Nov. 2017

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Blue Rock Thrush / Monticole bleu, Nov. 2017

 

Autre spécialité du site, les Bruants d’Alexander, anciennement connu comme Bruant cannelle mais dont la sous-espèce ouest-africaine a été splittée. Les bruants sont généralement faciles à trouver le long du sentier arpentant les falaises du Cap de Naze. L’an dernier on a eu un beau mâle peu farouche (photo d’en-tête), cette fois 2-3 oiseaux dont cet individu que j’ai identifié comme un juvénile au plumage frais:

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Gosling’s Bunting / Bruant d’Alexander juv., Nov. 2017

 

Pas vu d’Hirondelle des rochers par contre, mais cet hivernant du bassin méditerrannéen est visiblement toujours hivernant ici car on vient de me signaler la présence d’au moins un individu samedi dernier (25/11; Carlos et trois ornithos danois de passage; addendum février 2018: on a pu en voir au moins 12-15 fin décembre et début janvier). Ci-dessous une ancienne photo faite sur place par Paul, avec des précisions quant au statut dans la sous-région de cet oiseau d’observation très rare hors des falaises de la RNP ici:

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Crag Martin / Hirondelle de rochers, Feb. 2012 (Paul Robinson)

 

La Pintade de Numidie et la Poulette de roche sont relativement communes dans la réserve, et je suppose qu’il en soit de même pour le Francolin à double éperons. Outarde à ventre noir, Caille des blés et Turnix d’Andalousie ont tous été observés en mai ’86.

Dans le registre des rapaces, citons les Balbuzards et Circaètes Jean-le-Blanc dont plusieurs individus hivernent dans le secteur, mais aussi le Circaète brun, le Busard des roseaux, l’Epervier shikra, le Faucon crécerelle ou encore ce Faucon de Barbarie vu en novembre 2016, et il est probable que les Faucons lanier et pèlerin se montrent aussi au moins de temps en temps car ces deux espèces affectionnent particulièrement les sites rupestres (elles sont d’ailleurs incluses dans l’inventaire de Rouchouse). Et puis il y a ce Faucon hobereau et cette Bondrée apivore vus le 15 octobre dernier par Miguel: deux espèces rarement notées par ici. Je soupçonne d’ailleurs qu’aussi bien en automne qu’au printemps il doit être possible d’observer la migration active de certains rapaces longeant la côte: le Cap de Naze pourrait bien se révéler un site d’observation intéressant pour le suivi de la migration des rapaces.

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Short-toed Eagle / Circaète Jean-le-Blanc, Nov. 2017

 

Les falaises attirent, logiquement, bon nombre de martinets, chassant au raz des sommets – souvent très venteux! – ou au-dessus de la mare. En saison d’hivernage, les Martinets cafres sont à rechercher parmi les nombreux Martinets des maisons. Les Martinets noirs et pâles sont probablement réguliers lors des deux passages. A toute saison il doit être possible de voir le Martinet d’Ussher. tout comme le Martinet des palmes. Et lors de ma dernière visite, j’ai eu la surprise de voir deux Martinets à ventre blanc ici. Ma première obs au Sénégal, et apparemment une bien rare donnée pour le pays: avant 1995, seulement quatre observations étaient connues (une de Richard-Toll, trois du Niokolo-Koba), auxquelles il faut ajouter au moins une observation à Popenguine même, par C. Rouchouse, en avril 1986, que ni Morel ni Sauvage & Rodwell n’ont mentionnée. Je n’ai trouvé que quelques mentions récentes, notamment de ce dernier lieu mais aussi d’un oiseau ayant percuté l’hôtel du Djoudj en mars 2012. Ce martinet doit pourtant être plus régulier que cela au Sénégal, mais comme l’ont montré les chercheurs de la Station Ornithologique Suisse à l’aide de leur radar en Mauritanie, les Martinets à ventre blanc migrent souvent trop haut pour être détectés par les observateurs!

Mottled Spinetail / Martinet d'Ussher

Mottled Spinetail / Martinet d’Ussher, Nov. 2016 (A. Barbalat)

 

La savane arborée et les buissons autour de la mare sont particulièrement attrayants pour toute une série de passereaux migrateurs – en gros les usual suspects tels que Rougequeue à front blanc, Hypolais polyglotte, divers pouillots, Fauvettes grisette et passerinette; Gobemouches noir et gris; la Pie-grièche à tête rousse. Aux Hirondelles de Guinée et des mosquées se mélangent des cousines nordiques comme ces quelques Hirondelles de rivage vues lors de ma dernière visite. Pipits des arbres et rousseline, Traquets motteux etc. sont à rechercher dans les zones plus ouvertes.

Charles Rouchouse avait d’ailleurs bien mis en évidence la migration active des hirondelles et martinets, dans son rapport du début des années 1980. Intitulé Mission ornithologique au Cap de Naze (Petite Côte, Sénégal) : le Cap de Naze, nouvelle réserve naturelle au Sénégal, ce pavé reste la seule référence de l’avifaune de la RNP. Peut-être qu’un jour on mettra à jour la liste, surtout si on arrive à visiter un peu plus souvent. Il faudra dans ce cas faire un peu le tri entre les données anciennes qu’on considèrerait aujourd’hui comme “douteuses”, car la liste comporte visiblement des erreurs et des données suffisamment extraordinaires qu’il aurait fallu mieux documenter, comme le Traquet deuil, le Traquet à front blanc, les Bruants fou et striolé.

Les Agrobates roux et podobé se côtoient à Popenguine: une bonne opportunité pour comparer leurs chants assez semblables, mais qu’une oreille aiguisée pourra différencier. Des petites bandes de Traquets bruns sont à rechercher dans les pentes érodées, notamment dans le vallon derrière le Cap de Naze. Le Merle africain a été vu près de la petite lagune, tandis que le Pririt du Sénégal et l’Erémomèle à dos vert peuvent se croiser tout au long du sentier longeant la falaise. D’autres passereaux africains incluent le Sporopipe quadrillé (vu en décembre 2017), les Euplectes franciscain et monseigneur, le Beaumarquet melba et son parasite la Veuve du Sahel, ou encore le Serin du Mozambique. Il y en a sans doute d’autres, comme potentiellement le Mahali à calotte marron qui est inclus dans l’inventaire sans autre précisions.

Les Coucous de Levaillant et didric sont observés – et surtout entendus – en saison des pluies, tout comme les Martin-chasseurs du Sénégal et à tête grise, le Martin-pêcheur huppé, et même le Martin-pêcheur pygmée dont un individu est vu le 13/11 dernier. Le Martin-chasseur strié et le Coucou-geai sont mentionnés par Rouchouse.

La mare regorge souvent d’aigrettes et de hérons (pas moins de 63 Hérons cendrés récemment), et est également fréquentée par quelques limicoles: chevaliers surtout, mais aussi la Rhynchée peinte et même un Bécasseau tacheté vu en mars 2013 par Simon Cavaillès. D’autres oiseaux d’eau qu’on peut y voir sont notamment le Grèbe castagneux et parfois le Goéland d’Audouin. Cote mer, il y a possibilité de voir diverses sternes et laridés, Fou de Bassan et labbes en saison, Pélicans gris, et avec un peu de chance un Fou brun (vu en janvier 2018).

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La visite de la réserve de Popenguine en vaut vraiment la peine, ne serait-ce que pour apprécier le paysage et pour faire une peu de marche en relief. Il ne vous en coûtera que 1’000 CFA pour le droit d’entrée, à payer aux bureaux de l’équipe de la Direction des Parcs Nationaux, juste avant l’entrée de la réserve, avec possibilité d’engager un guide pour vous accompagner pendant la visite, a 5’000 CFA (au moins un des gardes semble bien connaître les oiseaux!). Popenguine se trouve à moins d’une heure de Dakar, et maintenant que le nouvel aéroport devrait être opérationnel d’ici une semaine, Popenguine deviendra sans doute un lieu de passage plus courant pour les visiteurs, que ce soit à l’arrivée ou avant le départ, ce qui amènera peut-être un peu plus d’orni-touristes à visiter la RNP.