Petite revue de la bibliographie ornithologique sénégalaise, 2016-2019 (Première partie)
Divers articles consacrés à l’avifaune sénégalaise ont été publiés ces dernières années, nous incitant à faire une petite synthèse de ces publications. Le Sénégal est depuis une cinquantaine d’années une terre fertile pour les études ornithologiques, et ces dernières années cela n’a pas changé. Peut-être bien au contraire, même s’il n’y a plus de vrais ornithologues tels que les Morel ou Baillon résidant au pays – peut-être qu’un jour on se risquera à une note sur les nombreux chercheurs et autres personnages ayant marqué l’histoire ornithologique du pays. Peut-être.
Pour le moment, on se limitera aux 3-4 dernières années (2016-2019), en commençant par les publications ayant trait à l’écologie des espèces, suivi par quelques traités taxonomiques pertinents. La deuxième partie couvrira principalement les articles traitant du statut, de la phénologie et de la répartition d’espèces. J’en oublie certainement, donc tout complément que vous pourrez apporter sera grandement apprécié! Une partie des articles qui suivent sont déjà accessibles en ligne, p.ex. sur le site ResearchGate. Quelques-uns se trouvent sur notre page Ressources. Si nécessaire, je peux aussi fournir la plupart sur demande.
Seul bémol, l’absence quasi totale d’auteurs sénégalais dans les publications qui suivent… espérons que la relève ornitho locale – elle existe bel et bien, timidement – pourra changer cet état des lieux dans un futur proche. Ce triste constat a même été démontré, chiffres à l’appui, dans un article récent paru dans la revue Ostrich: Cresswell W. 2018. The continuing lack of ornithological research capacity in almost all of West Africa. Ostrich 89: 123–129. [Le manque continu de capacité de recherche ornithologique dans presque toute l’Afrique de l’Ouest]
Ecologie
- Comment les Busards cendrés font face au Paradoxe de Moreau pendant l’hiver sahélien: Schlaich et al. 2016. How individual Montagu’s Harriers cope with Moreau’s Paradox during the Sahelian winter. Journal of Animal Ecology (doi: 10.1111/1365-2656.12583).
Cette étude sur le Busard cendré, menée par une équipe franco-hollandaise, illustre de manière concrète comment un hivernant paléarctique répond au paradoxe de Moreau. Ce terme fait référence au phénomène des conditions écologiques se dégradant au fur et à mesure que la saison d’hivernage avance dans le Sahel alors que les migrateurs doivent se préparer pour leur migration prénuptiale bien que les conditions soient alors plus sévères. En suivant 36 busards hivernant au Sénégal, l’équipe a étudié leur utilisation de l’habitat et leur comportement tout en collectant des données sur l’abondance des criquets, leur principale source d’alimentation sur les quartiers d’hiver. Ils ont trouvé que la fin de la période d’hivernage pourrait constituer un goulot d’étranglement au cours du cycle annuel, avec des effets de report possibles sur la saison de reproduction. Les changements climatiques en cours avec moins de précipitations dans le Sahel, associés à une pression humaine accrue sur les habitats naturels et agricoles, entraînant dégradation et désertification, rendront probablement cette période plus exigeante, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur les populations d’oiseaux hivernant dans le Sahel.
Le Busard cendré est l’une des rares espèces à être bien étudiée au Sénégal, notamment par des chercheurs de l’Université de Groningen (dont Almut Schlaich et Ben Koks) et du CNRS en France (V. Bretagnolle et cie.). La Barge à queue noire et dans une moindre mesure peut-être le Balbuzard pêcheur, deux autres espèces prioritaires pour la conservation en Europe de l’Ouest, sont également relativement bien suivies dans leurs quartiers d’hiver au Sénégal et régions limitrophes.
- Sélection de l’habitat, “home range” et taille de population de la Marouette de Baillon dans le delta du Sénégal: Seifert, Tegetmeyer & Schmitz-Ornés 2017. Habitat selection, home range and population size of Baillon’s Crake Zapornia pusilla in the Senegal Delta, north-west Senegal. Bird Conservation International (doi:10.1017/S0959270917000077).
Les trois chercheuses (équipe 100% féminine, fait assez rare pour le signaler !) se sont penchées sur une espèce très peu connue et difficile à étudier, en utilisant une approche multi-échelle pour évaluer les exigences en matière d’habitat de la Marouette de Baillon dans le delta du fleuve. Elles ont suivi par télémétrie 17 individus dans le PN des Oiseaux du Djoudj, puis ont modélisé à partir d’images satellitaires et des données de capture la probabilité de présence ainsi que la densité de la population. La taille du domaine vital de l’espèce mesure en moyenne 1,77 ± 0,86 ha, avec des différences significatives entre habitats. La Marouette de Baillon préfère au sein de ses habitats les structures de bord, comme les pistes battues, les bords des plans d’eau ouverts, ainsi que les limites d’une végétation spécifique. Basé sur les modèles de régression, 9’516 ha d’habitat favorable ont été identifiés dans la zone Djoudj, avec une taille de population potentielle de 10’714 ind. (3’146-17’408). Les zones humides du delta du fleuve ont donc une importance exceptionnelle pour les populations africaines et peut-être aussi européennes.
La même étude a également permis la publication, en 2015, d’un article sur le régime alimentaire de ce rallidé : Seiffert, Koschkar & Schmitz-Ornés 2015. Diet of Baillon‘s Crakes Zapornia pusilla: assessing differences in prey availability and consumption during the breeding season in the Senegal River Delta, West Africa. Acta Ornithologica 50: 69–84. [Régime alimentaire de la Marouette de Baillon : évaluation des différences en matière de disponibilité des proies et de consommation pendant la saison de reproduction dans le delta du fleuve Sénégal].
- Ecologie de l’alimentation de phaétons se reproduisant dans deux environnements marins contrastés de l’Atlantique tropical: Diop et al. 2018. Foraging ecology of tropicbirds breeding in two contrasting marine environments in the tropical Atlantic. Marine Ecology Progress Series 607: 221–236.
Menée par Ngone Diop, cette étude combine le suivi par GPS, des variables environnementales et des échantillons des régurgitations au cours de l’incubation et de la ponte pour comprendre l’écologie alimentaire du Phaéton à bec rouge, ainsi que les stratégies de recherche de nourriture susceptibles de changer entre deux environnements marins différents: les Iles de la Madeleine (situées dans la remontée du courant canarien) et l’île de Sainte-Hélène au centre de l’Atlantique sud. Des différences substantielles observées dans le comportement d’alimentation entre les deux colonies indiquent qu’il faut être prudent lorsqu’on extrapole les habitudes de recherche de nourriture des oiseaux de mer tropicaux se reproduisant dans des environnements océanographiques contrastés. La surexploitation de petits poissons et du thon peut réduire les possibilités d’alimentation et conduire à une concurrence avec les pêcheries. On incluera le résumé d’une autre publication par Ngoné, celle-ci sur la taille de la population et la phénologie de reproduction de nos chers phaétons du PNIM, dans la 2e partie.
- Distribution spatiale et comportement de nidification de l’Echasse blanche dans la zone humide urbaine du Technopole: Diallo, Ndiaye & Ndiaye 2019. Spatial distribution and nesting behavior of the Black winged-stilt (Himantopus himantopus himantopus, Linnaeus 1758) in the urban wetland of Dakar Technopole (Senegal, West Africa) – J Biol Chem Sciences 13: 34-48.
Cette étude menée par Yvette Diallo de l’UCAD a été conduite en deux temps, d’abord en 2012 puis en 2017, permettant d’établir les effectifs et de décrire quelques éléments de la biologie de reproduction de l’Echasse blanche. Des dénombrements réguliers pendant la saison de reproduction (délimitée de manière un peu trop restreinte par les auteurs, qui n’ont couvert que la période de mai à août et non d’avril à septembre) ont permis d’établir un effectif maximum de 531 ind. en 2012 et 766 en 2017, les effectifs diminuant dès le début des pluies, lorsque les conditions deviennent moins favorables. En 2012, 25 nids sont identifiés, et pas moins de 79 en 2017. Les résultats sont présentés sous forme de plusieurs graphiques, mais leur interprétation est souvent difficile et on pourra regretter que les conclusions ne sont pas toujours très claires (et que cet article a été publié dans un journal plutôt inhabituel!). L’étude a toutefois le mérite d’améliorer nos connaissances de la biologie de cet élégant limicole en Afrique de l’Ouest, dont les données de reproduction dans la région se limitaient jusqu’à récemment à quelques cas au Sénégal et au Ghana.
Et justement, nous avons entamé la rédaction d’une note sur la reproduction de l’espèce au Sénégal et en Gambie, puisqu’une actualisation de nos connaissances est nécessaire en vue des nouvelles données dont nous disposons. Si tout va bien, rendez-vous en 2020 pour la publication.
- Régime alimentaire et aire de nourrissage des Goélands railleurs nichant dans le delta du Saloum: Veen et al. 2019. Diet and foraging range of Slender-billed Gulls Chroicocephalus genei breeding in the Saloum Delta, Senegal. Ardea 107: 33–46.
Peu d’informations sur l’écologie de la population ouest-africaine de ce goéland sont disponibles pour appuyer les actions de conservation. Les auteurs, dont notre ami Wim Mullié – seul ornitho quasi local impliqué dans l’étude – ont analysé le régime alimentaire sur la base des otolithes de poisson dans les pelotes de rejection et les matières fécales collectées à proximité des nids en fin de période d’incubation, entre 2000 et 2015. Les goélands consommaient principalement des poissons des familles Cichlidae (25-93%), Clupeidae (0-54%) et Mugilidae (0-34%). En 2014, trois goélands ont été suivis par GPS en vue d’étudier les déplacements et les zones d’alimentation. Pendant la journée, ils ont passé 27% de leur temps à couver les œufs, 10% ailleurs dans la colonie et 63% à l’extérieur de la colonie lors de déplacements à la recherche de nourriture, qui pour deux oiseaux avait principalement eu lieu dans des lagons bordés de mangroves, des salins, des criques, des rivières et un complexe de rizières abandonnées. Le troisième a exploré presque exclusivement la côte atlantique près d’un village de pêcheurs en Gambie. Le domaine vital et la zone d’alimentation des trois oiseaux mesuraient 2’400 et 1’800 km², respectivement.
On pourrait encore citer d’autres publications ayant trait à l’écologie et en particulier aux stratégies de migration et d’hivernage d’espèces hivernant dans le pays, mais qui ne concernent pas spécifiquement le Sénégal, comme p.ex. Kentie et al. 2017. Does wintering north or south of the Sahara correlate with timing and breeding performance in black-tailed godwits? Ecology and Evolution 7: 2812–2820. [L’hivernage au nord ou au sud du Sahara est-il en corrélation avec la période et la performance de nidification chez la Barge à queue noire ?], ou encore Grecian et al. 2016. Seabird diversity hotspot linked to ocean productivity in the Canary Current Large Marine Ecosystem. Biol. Lett. 12: 20160024. [Les points chauds à grande diversité d’oiseaux marins sont liés à la productivité océanique dans le Courant des Canaries].
Puis pour terminer cette section, mentionnons encore notre note brève relatant l’observation par mes amis genevois d’un Grébifoulque se nourrissant sur le dos d’un Hippopotame (Zapun et al. 2018. African Finfoot Podica senegalensis feeding on the back of a Hippopotamus. Malimbus 40: 70-71). On y décrit un comportement rarement observé d’un des Grébifoulques présents à Wassadou en février 2018. Nous avons retrouvé deux mentions d’observations similaires sur le fleuve Gambie, ainsi que des données d’Afrique australe et du Congo-Brazzaville (avec le Buffle et le Bongo), mais ce comportement n’avait à notre connaissance jamais encore été documenté sur photo.
Place maintenant à la taxonomie, domaine pointu de l’ornithologie moderne qui grâce aux techniques d’analyse génétique continue de chambouler nos connaissances du domaine – et qu’il importe de ne pas négliger car comme le montre la première étude en particulier, les implications en termes de conservation peuvent être importantes lorsqu’un taxon est élevé au rang d’espèce. A propos, Simon et moi avons résumé les principales changements taxonomiques récents affectant le Sénégal dans cet article publié en début d’année sur ce blog.
- Quand la morphologie ne reflète pas la phylogénie moléculaire : le cas de trois sternes à bec orange: Collinson et al. 2017. When morphology is not reflected by molecular phylogeny: the case of three ‘orange-billed terns’ Thalasseus maximus, Thalasseus bergii and Thalasseus bengalensis (Charadriiformes: Laridae). Biological Journal of the Linnean Society XX: 1–7.
Rédigé par une équipe internationale, cet article établit notamment que la Sterne royale africaine devrait être considérée comme espèce à part entière, et qu’elle est génétiquement plus proche de la Sterne voyageuse que de la Sterne royale américaine. Ayant été élevée au rang d’espèce, il devrait maintenant être plus facile de mettre en place un statut de protection et des mesures de conservation de ce taxon endémique à l’Afrique de l’Ouest, dont les populations sont assez vulnérables puisque concentrées en quelques colonies seulement.
- Révision taxonomique du complexe d’espèces du Drongo de Ludwig avec description d’une nouvelle espèce d’Afrique occidentale: Fuchs et al. Taxonomic revision of the Square-tailed Drongo species complex (Passeriformes: Dicruridae) with description of a new species from western Africa. Zootaxa 4438: 105-127.
Un billet avait déjà été consacré à cette découverte sur ce blog: en effet, les auteurs décrivent une nouvelle espèce de drongo au sein du complexe de Dicrurus ludwigii, en utilisant une combinaison de données biométriques et génétiques. La nouvelle espèce, le Drongo occidental (D. occidentalis) diffère des autres taxons du complexe par un bec significativement plus gros et par une divergence génétique importante (6,7%) du taxon « sœur » D. sharpei. La répartition de la nouvelle espèce couvre les forêts de galerie des côtes de Guinée (et de la Casamance !) jusqu’au fleuve Niger et le Bénoué au Nigéria.
Une autre étude génétique (par les mêmes auteurs pour la plupart) concerne le Drongo brillant: même si des recherches supplémentaires sont requises, ils recommandent la reconnaissance de plusieurs espèces au sein de ce complexe, les drongos brillants du Sahel et des savanes d’Afrique de l’Ouest devenant Dicrurus divaricatus. Fuchs et al. 2018. Habitat-driven diversification, hybridization and cryptic diversity in the Fork-tailed Drongo (Passeriformes: Dicruridae: Dicrurus adsimilis). Zoologica Scripta 2018: 1–19. [Diversification engendrée par l’habitat, hybridation, et diversité cryptique chez le Drongo brillant].
La suite sera pour dans quelques jours !
L’année ornithologique sénégalaise 2017 / Year in review
Comme cela semble une tradition chez les bloggeurs, je me suis pris au jeu de faire une petite revue de l’année 2017, ornithologiquement parlant bien sûr. On parlera évidemment des vraies raretés, mais aussi de l’exploration de quelques coins peu connus, des données de nidification et d’extension d’aire, et j’en passe. Pas facile en tout cas de résumer les points forts de ces douze derniers mois, non seulement parce qu’il y en a pas mal, mais aussi du fait que pour beaucoup d’espèces le statut réel au Sénégal reste encore à préciser: répartition, phénologie, statut et tendances. Difficile aussi de couvrir un pays entier quand on n’est que 3-4 ornithologues réellement actifs à y résider!! Il manque certainement des obs importantes dans ma synthèse – qui sera forcément incomplète – donc si vous avez des compléments ou des corrections je les ajoute volontiers.
D’abord les grosses raretés:
- Le Frégate superbe noté les 29-30/4 aux Iles de la Madeleine constitue la première donnée pour le Sénégal. First record of Magnificent Frigatebird.
- Plusieurs raretés venues d’Amerique du Nord sont vues en région dakaroise, comme cela arrive chaque année maintenant: Bécasseau rousset au Lac Rose début janvier, Pluvier bronzé (4-5 oiseaux en avril-mai!) et Mouette de Franklin (le 14/5) au Technopole, et un Chevalier à pattes jaunes le 13/11 à la lagune de Yène-Todé. Nearctic vagrants, all in the Dakar region: Buff-breasted Sandpiper, American Golden Plover, Lesser Yellowlegs, Franklin’s Gull.
- Deux autres migrateurs très rares en Afrique de l’Ouest sont notés, dont le premier a peut-être une origine néarctique également: deux Phalaropes à bec étroit (22-23/4 et 21/5 -4/6) et un Goéland cendré (12/2-22/4), les deux au Technopole. Dans les deux cas il s’agirait de la 5e observation pour le pays. Two other vagrants, both seen at Technopole: Red-necked Phalarope and Common Gull, the fifth for Senegal.
- Trois Tadornes de Belon du 9 au 17/12 à Yène étaient presque tout aussi rares, car seule une poignée d’oiseaux sont connues du Sénégal. Three Common Shelducks at Yene in December.
- Un afflux de Hibous des marais est nettement ressenti à la fin de l’année (3/11-31/12), avec pas moins de huit observations d’à travers le pays: Gandiol, Dakar, Guéréo/Somone, Palmarin, Kousmar, Boundou. Influx of Short-eared Owls, with eight records between 3/11 and 31/12 from across the country.
- Buff-breasted Sandpiper / Becasseau rousset
- Common Gull / Goéland cendré
- American Golden Plover / Pluvier bronzé (B. Piot)
- Magnificent Frigatebird / Fregate superbe
- Franklin’s Gull / Mouette de Franklin
- Red-necked Phalarope / Phalarope à bec étroit
- Lesser Yellowlegs / Chevalier à pattes jaunes
- Common Shelduck / Tadorne de Belon
- Short-eared Owl / Hibou des marais
Ensuite, quelques autres migrateurs rares – Rare migrants:
- Le Puffin majeur est vu à Ngor le 25/5 (2 inds.), une rare donnée “printanière”, alors qu’un passage important – et étonnant par la date – a lieu début décembre. Great Shearwater: two at Ngor on 25/5 were apparently the first May record, while a strong passage was noted early December.
- Un Grand Cormoran de la ssp. maroccanus était lui aussi à Ngor, sur les enrochements, les 2 et 15/12. Great Cormorant at Ngor in December.
- Plusieurs Bondrées apivores sont notées entre le 9/10 et le 5/11, avec un autre même à fin décembre, alors que c’est une espèce apparemment rarement vue, en tout cas dans l’ouest du pays: Dakar, Toubacouta, Guéréo/Somone et Popenguine. Several Honey Buzzards in October and early November between Dakar and the Saloum, with another bird at Somone in late December.
- Deux Aigles de Bonelli sont vus dans la région des Trois-Marigots en novembre-décembre, où un imm. était déjà présent en fevrier, confirmant ainsi la présence régulière en très petit nombre dans le nord-ouest du pays. Ornithondar continue avec les rapaces, sous la forme d’un Vautour percnoptère noté le 25/12, espèce qui a aussi vu des effectifs importants dans le Boundou en fin d’année. Two Bonelli’s Eagles and an Egyptian Vulture near Saint-Louis.
- Deux petits rallidés peu vus au Senegal ensuite: la Marouette poussin surtout, trouvée à Boundou les 4-5/11, mais aussi celle de Baillon au Djoudj (7/2) à la STEP de Saint-Louis (25/12), qui pourraient bien concerner un hivernant ou un oiseau de passage et non un local. Two little marsh skulkers that are rarely reported from Senegal, though they are probably quite frequent on migration, are Little Crake at Boundou, and Baillon’s Crake near Saint-Louis.
- Plusieurs espèces peu fréquentes dans la région de Dakar sont vues pour la première fois au Technopole: Goéland dominicain, Flamant nain, Phalarope à bec large, Bengali zebré, Souimanga pygmée, Rolle violet, Hibou des marais, Pouillot ibérique. Egalement un Bec-en-ciseaux le 4/6 et une Sarcelle d’hiver le 9/11, avec d’autres migrateurs peu fréquents comme le Goéland leucophée et la Bécassine sourde à l’appui. A number of scarce species in the Dakar region were reported for the first time from Technopole: Kelp Gull, Lesser Flamingo, Grey Phalarope, Zebra Waxbill, Pygmy Sunbird, Broad-billed Roller, Short-eared Owl, Iberian Chiffchaff. Also African Skimmer and a Eurasian Teal, while other uncommon migrants seen at the site include Jack Snipe, Yellow-legged Gull.
- Le 29/10, un Blongios de Sturm est à la lagune de Yène, endroit par ailleurs très fréquenté cet automne par les canards et limicoles. A Dwarf Bittern, along with good numbers of ducks and waders, was seen at Yene lagoon.
- Un Martinet à ventre blanc est vu le 13/10 à Boundou, et le 13/11 il y en avait deux à Popenguine, où jusqu’à neuf Hirondelles de rochers étaient présentes en novembre-décembre. Alpine Swift at Boundou and at Popenguine, where up to nine Crag Martins were seen in Nov.-Dec.
- L’Hypolais pâle, un hivernant probablement régulier mais rarement détecté au Sénégal, était à Palmarin le 19/2, alors que deux oiseaux sont identifiés le 28/12 près de Guéréo (dans la même zone qu’en mars 2016 – une coïncidence?). Eastern Olivaceous Warbler – probably regular, but very rarely detected. One was at Palmarin on 19/2, while two birds were at Guereo (Somone) on 28/12 (where one was seen in the same area in March 2016 – a coincidence?)
- Une Pie-grièche isabelle est signalée près de Gossas (vers Ouadiour) le 28/11. Isabelline Shrike near Gossas on 28/11.
- Un hybride Pie-grièche à tête rousse x écorcheur le 26/8 au Lac Tanma était une première non seulement pour le pays mais apparemment aussi pour le continent africain. Hybrid Woodchat x Red-backed Shrike at Lac Tanma, apparently a first such record for Africa.
Quelques autres observations intéressantes: effectifs records, nouvelles donnes sur la répartition – Other sightings: record numbers and new range data
- Parmi les autres “premières” pour la réserve naturelle communautaire du Boundou se trouvent bon nombre de migrateurs paléarctiques comme la Spatule blanche (Eur. Spoonbill) ou le Becasseau cocorli (Curlew Sandpiper) et même un Fuligule nyroca (4-5/11; Ferruginous Duck), mais aussi quelques africains, migrateurs (Blongios de Sturm, Least Bittern), erratiques (Courvite à ailes bronzées, Bronze-winged Courser) et résidents (Gladiateur de Blanchot, Grey-headed Bush-shrike; Bruant à ventre jaune, Brown-rumped Bunting).
- Le Puffin du Cap-Vert est présent en fin d’hiver au large de Dakar, comme d’habitude, mais un effectif important est noté le 18/4 lorsque pas moins de 5’500 oiseaux se nourrissent devant Ngor. Cape Verde Shearwater: a max. of ca. 5,500 birds were feeding off Ngor on 18/4.
- L’observation d’un Phaéton à bec rouge adulte sur l’Ile aux Oiseaux de la Langue de Barbarie les 7-12/4 était pour le moins insolite. Red-billed Tropicbird on the Langue de Barbarie’s “Bird Island” on 7-12/4.
- Un Ibis hagedash survole la maison aux Almadies, Dakar, le 23/8, alors que l’espèce semble toujours présente sur la Petite Côte avec plusieurs observations en octobre. Hadada Ibis: one on 23/8 flying over Almadies, Dakar, and several observations at Somone and Saly.
- Le Marabout d’Afrique est vu aux Trois-Marigots (14/4), soit dans une région du pays où l’espèce est maintenant très rare semble-t-il. Marabou Stork at Trois-Marigots.
- Un Aigle huppard adulte a survolé le Lac Tanma tout en criant, le 1/10, donc hors de son aire regulière dans le pays. A Long-crested Eagle flew over Lac Tanma while calling, away from its regular range in Senegal
- L’effectif d’environ 300 Foulques macroules le 16/5 à Ross-Bethio (près du Djoudj) est surprenant à cette période de l’année. A Dakar, il y en a eu deux au Lac Mbeubeusse le 7/10 et autant à Yène-Todé les 21-29/10. Around 300 Eurasian Coots were at Ross-Bethio on 16/5, a high count especially at this time of the year; in the Dakar region, two records of two birds.
- Un Trogon narina est de nouveau observé dans la réserve naturelle de Dindéfello (16/2), soit le seul site d’où l’espèce est actuellement connue, suite à sa découverte en 2010. J’allais aussi ajouter deux Bulbuls à queue rousse signalés dans la forêt de galerie au même endroit (3/2) et publiés dans le Bulletin de l’ABC, mais à en lire le rapport de voyage des observateurs on constate que l’identification est loin d’être certaine. Narina’s Trogon was seen again at Dindéfello, the only site in Senegal where the species, which was first recorded here in 2010, occurs. Two Leafloves were reported from the gallery forest here, but it seems that identification is far from certain despite being published in the ABC Bulletin.
- Le Moineau domestique est maintenant bien implanté à Tambacounda semble-t-il, et l’espèce est vue pour la première fois au Boundou: l’expansion continue! House Sparrow now well established in Tambacounda and reported for the first time at Boundou.
- A Lompoul, le Petit Moineau est vu début janvier puis de nouveau confirmé à la fin de l’année, avec plusieurs oiseaux dont des chanteurs, bouchant ainsi un trou dans l’aire de répartition connue. Bush Petronia was found early January and confirmed again at the end of the year, thus filling a gap in the known distribution range.
Quelques donnees de nidification intéressantes – Interesting breeding records:
- Le Canard à bosse a de nouveau niché au Lac Tanma (f. avec 12 canetons le 1/10); le Dendrocygne veuf a niché au même endroit et à la lagune de Yène. Knob-billed Duck noted breeding again at Lac Tanma, where also White-faced Whistling Duck, which also bred at Yene.
- Pas encore de nidification, mais des observations intriguantes de plusieurs Fous bruns dont des couples visiblement formés et montrant un comportement territorial, aux Iles de la Madeleine en avril-mai surtout – à suivre! Au même endroit, 5-6 couples de Sternes bridées étaient présents en juin. Brown Boobies showing signs of breeding behaviour (but no confirmed breeding) at Iles de la Madeleine, where 5-6 pairs of Bridled Tern were present in June.
- La nidification de la Gallinule poule-d’eau est confirmée au Technopole, tout comme celle – déjà constatée dans le passé – de la Talève d’Afrique. Moorhen confirmed breeding at Technopole, where African Swamphen was also seen breeding once again.
- Les Echasses blanches ont eu une très bonne année au Technopole, alors que la nidification a été attestée de nouveau dans le Djoudj. Black-winged Stilts had a bumper year at Technopole, while breeding was noted in the Djoudj.
- Toujours pas de preuve de nidification (faute d’avoir investi le temps qu’il faudrait!), mais les Tourterelles turques du parc de Hann sont toujours présentes – avis aux amateurs! Still no proof of breeding, but the small population of Eurasian Collared Doves in Dakar is still around.
- Un jeune Coucou jacobin vu en octobre près de la Somone constitue une rare donnée de nidification certaine (voire la première?) pour le pays. Un autre juvenile est vu à Patako début novembre Jacobin Cuckoo fledgling near Somone.
Et enfin, parlons un peu des coins peu connus ou peu explorés – Little explored areas:
- L’un de ces sites est la forêt de Pout près de Thiès, que nous avons visitée en juin (Circaète brun, Pintade de Numidie, Oedicnème tachard, etc.), et plus encore la forêt de Patako près de Toubacouta, explorée par Miguel en novembre.
- En Casamance, nous avons pu faire des observations à Kolda en mai, avec observations entre autres du Grébifoulque et du Rale perlé, deux especes rarement notées en Casamance même si elles doivent y être régulières. Egalement en Casamance, on a pu voir des Faucons crécerellettes et un Busard pâle en migration active près de Cap-Skirring, alors qu’à Diembering on a pu confirmer p.ex. la présence de l’Apalis à gorge jaune (+ Phyllanthe capucin et quelques autres spécialités forestières à l’écoparc). Gabriel de son côté a pu visiter la région de Vélingara, avec notamment l’observation d’un Bihoreau à dos blanc. African Finfoot & White-spotted Flufftail at Kolda in Casamance. There appear to be very few, if any, recent records from Casamance even though the species is likely to be widespread. Also in Casamance: Cap Skirring – Lesser Kestrel and Pallid Harrier; ecoparc near Diembering: Yellow-throated Apalis, Capuchin Babbler, etc. Also a White-backed Night-Heron near Velingara.
- Quelques visites dans la steppe, les dunes et les niayes près du Lac Rose, trop peu visitées par les ornithos, ont produit des observations d’hivernants peu courants à cette latitude, comme l’Alouette calandrelle, le Traquet isabelle, ou encore le Traquet oreillard. A few visits to the steppe, dunes and niayes near Lac Rose, rarely visited by birders, yielded several interesting records of winter visitors that are reputed to be mostly restricted to northern Senegal: Greater Short-toed Lark, Isabelline Wheatear, Black-eared Wheatear.
- Enfin, en 2017 nous avons pu mener ce qui doit être le premier suivi systématique sur l’ensemble de la saison de migration d’automne des oiseaux de mer, devant Dakar. Les faits marquants comprennent notamment un effectif record de Mouettes de Sabine, un passage impressionnant de Puffins cendrés et de Scopoli, un Puffin de Boyd et un Puffin des Baléares, et bien plus encore – résumé complet ici. Last but not least, in 2017 we conducted what was the first extensive seabird migration monitoring effort in Senegal (and more generally in West Africa it seems), with regular observations made from the mainland at Ngor between the end of July and the end of December. Highlights included a record number of Sabine’s Gulls, strong passage of Cory’s and Scopoli’s Shearwater, a Boyd’s Shearwater, a Balearic Shearwater, and much more.
Que nous apportera 2018? Dans tous les cas, avec un nouvel ajout à la liste nationale des le 1er janvier, l’année a bien commencé!