Lac Rose: Rousset, Traquets et Alouettes

Retour au Lac Rose dimanche dernier pour voir si par chance nos trois limicoles américains seraient toujours présents… On avait déjà fait un crochet rapide une semaine auparavant sans retrouver les limicoles sympathiques, mais pas eu la possibilité de scanner toute la steppe par faute de temps. Avant-hier matin par contre, j’ai rapidement retrouvé un Bécasseau rousset (Buff-breasted Sandpiper)dans la même zone que le 18/12. Tout seul cette fois, il se nourrissait tout aussi activement que lors de ma première observation. On peut supposer qu’il s’agit de l’un des 3 individus de fin décembre (mais alors qu’est-il arrivé aux deux autres? Seraient-ils toujours dans le coin, ou ont-ils continué leur chemin?).

Pour vous donner une idée de l’habitat fréquenté par ce bécasseau, voici une photo; l’oiseau se trouve tout en bas à droite sur l’image.

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Buff-breasted Sandpiper / Bécasseau rousset dans sa steppe

Avant de passer aux autres observations marquantes de la matinée – et il y en a! – c’est l’occasion de refaire le point sur les données de Tringytes subruficollis au Sénégal, car depuis mon dernier post j’ai trouvé une observation ancienne passée inaperçue, et Frédéric Bacuez a pu observer un oiseau le mois dernier près de Saint-Louis. La donnée ancienne a été publiée dans la revue Malimbus mais n’a curieusement pas été repérée par Borrow & Demey (2015) qui ne mentionnent que la première observation de 1985 (Ron me confirme qu’il s’agit d’un simple oubli). En effet, pas moins de 5 Bécasseaux roussets ont été découverts le 2 décembre 1994 par une expédition organisée par la Danish Ornithological Society, dont quatre ensemble “en train de se nourrir sur une prairie rase et dans des gouilles peu profondes proches de la plage”. Le 5e individu se trouvait environ 1 km plus au nord et a été observé simultanément par d’autres membres du groupe (Bengtsson K. 1997: Some interesting bird observations from Mauritania and Senegal, Malimbus 19:96-97).

Dans l’ordre chronologique, on a donc les six ou sept données suivantes, pour un total de 11 oiseaux:

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Buff-breasted Sandpiper / Bécasseau rousset, 8/1/17

Si le nombre d’espèces dans la steppe est assez faible, j’ai la chance de trouver encore quelques espèces intéressantes, dont deux nouvelles pour moi au Sénégal. D’abord un Traquet oreillard (Black-eared Wheatear)qui se laisse brièvement observer – mais malheureusement pas photographier – au sommet d’un tamaris et qui sera revu un peu plus loin encore, tout comme quelques Traquets motteux (Northern Wheatear). Concernant ces derniers, pas encore eu l’occasion de me pencher sur l’identification de la sous-espèce leucorhoa du Groenland ; un article paru dans le dernier Ornithos permettra peut-être d’y voir plus clair.

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Northern Wheatear / Traquet motteux m.

Je m’attendais un peu à trouver de l’Alouette calandrelle (Greater Short-toed Lark) dans ce milieu, mais pas en nombre si important : plus d’une centaine ! Ces grands groupes sont classiques dans le nord du pays, mais ce serait la première fois qu’un tel effectif est rapporté dans la région de Dakar. Peut-être que le froid – c’est tout relatif bien sûr, mais il faisait seulement 22 degrés ce matin – les a poussés plus au sud que d’habitude. Ou bien, et c’est sans doute plus probable, la zone est un site d’hivernage régulier mais faute d’être parcourue par les ornithologues, n’a pas été détectée comme tel jusqu’à maintenant.

Je continue de parcourir la steppe : au moins deux Pipits rousselines (Tawny Pipit), deux Alouettes chanteuses (Singing Bush-Lark), plusieurs Bergeronnettes printanières (Yellow Wagtail; surtout des flavissima) et une Bergeronnette grise (White Wagtail) complètent le tableau, mais les gravelots sont cette fois moins nombreux, avec juste une poignée de Gravelots pâtres (Kittlitz’s Plover) et 2-3 Grands Gravelots (Common Ringed Plover) parcourant les pelouses rases (sur les vasières du lac, je verrai aussi quelques Gravelots à collier interrompu (Kentish Plover), tout comme des Bécasseaux sanderlings et minutes (Little Stint), deux Tournepierres (Turnstone), un Chevalier aboyeur (Greenshank)).

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Yellow Wagtail / Bergeronnette printanière ssp. flavissima, m.

La surprise du jour viendra d’un autre habitué des milieux steppiques : un Traquet isabelle (Isabelline Wheatear) ! Ce migrateur venu de l’extrême sud-est de l’Europe (Grèce/Bulgarie) ou du Proche-Orient est probablement peu fréquent au Sénégal. Hors régions frontalières avec la Mauritanie, où le Traquet isabelle est censé être régulier en hiver, Sauvage & Rodwell (1998) font état de seulement cinq données de 1-5 inds. hivernant dans les régions de Louga et Podor, une de Dakar et une de Kaffrine, entre décembre et avril. Plus récemment, Enrico Leonardi, ornitho de passage à Dakar, a pu en observer un au Technopole le 12 octobre dernier, donc à une date très hâtive pour cette espèce.

L’identification de ce traquet n’est pas forcément aisée, mais on a ici un oiseau tout à fait typique dont l’identité ne devrait pas faire de doute:

  • Coloration générale d’un beige très clair, sans contrastes importants entre le dessus et le dessous ou entre les ailes et le reste des parties supérieures
  • Posture verticale, haut sur pattes
  • Alula sombre contrastant avec les couvertures alaires pales
  • Couvertures alaires (grandes et moyennes) très peu contrastées, avec des centres à peine plus sombres
  • Lores sombres
  • Sourcil blanc bien marqué à l’avant de l’œil, mais pas à l’arrière
  • Queue relativement courte

Le seul critère diagnostique qui manque ici c’est le pattern de la queue et notamment l’étendue du noir au bout de la queue, qu’on devine toutefois sur la 2e photo (cliquez sur les onglets pour voir les images). A mon avis les photos ne sont pas suffisamment nettes pour déterminer l’âge ou le sexe, mais j’ai l’impression d’avoir affaire à un oiseau au plumage frais. Les lores ne semblent pas franchement noires, donc ce serait plutôt une femelle.

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Isabelline Wheatear / Traquet isabelle

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Qui sait, peut-être que le prochain traquet que je trouverai sera celui du désert… ou bien un seebohmi venu de l’Atlas marocain ?

Quoiqu’il en soit, le fait de se retrouver devant un méli-mélo de migrateurs venus de 3 voire 4 continents etait bien sympa! Rousset de l’Arctique canadien; Calandrelles, Rousseline et Oreillard du bassin méditerranéen; Traquet isabelle des portes de l’Asie… sans compter les afro-tropicales comme le Gravelot pâtre.

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