A bit of news from our little neighbour

It’s about time we reported some news from Gambia on this blog.
Clive Barlow’s recent appointment as official bird recorder for The Gambia is a great excuse to do so. Given its peculiar enclaved geography – just like my home country, a bit of an accident of history, Gambia has always had close ties to Big Brother Senegal, in many ways – cultural, religious, linguistic, ethnic, economic… In the same way, Senegal’s and Gambia’s wildlife and ecosystems are of course intricately connected. A key difference, however, is that despite it being just about 6% of the size of its neighbour, The Gambia has a much higher density of resident birders, birding tours, and local guides, and as such is far better covered, ornithologically speaking, than Senegal.
Want some examples to illustrate the connections between the two? Here’s a first one: the wanderings of Abuko, one of several Gambian “Hoodies” that are equipped with satellite tracking devices. As a youngster, this particular Hooded Vulture was a keen traveler, having covered a good deal of central Senegal, Western Casamance (where it seemingly has taken up residence), and upriver Gambia. The map below shows its movements for the past 4 years.
Another example are the Slender-billed Gulls, Caspian Terns, and Royal Terns that breed in Senegal’s Saloum delta, many of which make it to The Gambia at some point. Take for instance Slender-billed Gull “POL” ringed as a chick in June 2014 at the Ile aux Oiseaux, and seen at Tanji Bird Reserve on 16/3/15, 14/4/15 and again the following winter, on 5/2/16. Among the 40+ other recoveries of the Saloum’s breeders in TG, another one is AUF: ringed on 15/6/15 at Jakonsa (also in the PNDS), it was seen on 26/8/15 at Tanji, and then almost a year later, on 26/6/16, at our very own Technopole.
And now for the very official announcement of Clive’s appointment, by the West African Bird Study Association from Gambia (WABSA):
“As from 15 Oct 2017 WABSA is pleased to appoint Clive R Barlow as the voluntary Country Recorder for bird observations in The Gambia. WABSA intends an annual Gambia bird report & general update of activities for presentation to DPWM & this publication will then will be accessible to all resident ornithologists & visiting birders. The work will also compliment the GIS bio diversity project currently under planning at DPWM. More news of e.g. single species enquiries, colour ring reports, nest/breeding records, will be notified as the project develops. In the meantime various report forms are being developed but feel welcome to email your ad hoc records, trip reports etc past, present & future to CliveRB [email]. Additionally, all related field research activities will involve WABSA and DPWM staff also to partake voluntarily in the absence or presence of funding. ”
So, if you visit TG: please send your records, whether of common birds or rarities, to Clive.
Clive also runs a project on the phenology of Paleartic passerine migrants to The Gambia, running from as far back as 1965 to present, systematically recording the first arrival and last departure dates in the coastal area (Banjul – Tujering). In 2017, we have for instance the last record of Western Olivaceous Warbler in 29/03, with the first return bird as early as 28/07, while Subalpine Warbler was last seen on 26/04 and had a first returning bird on 06/10; Common Swift 14/04 & 30/07, etc. The first Common Nightingale of the autumn was heard singing on 13/11.
Watch this space for more trans-border collaborations and publications! (next up: Great Shearwater in Senegambia, status of Kelp Gull, and more!).
I certainly hope to make it to TG some time soon, to see what’s all the fuss about and visit some of the hotspots such as Tanji, Kartong, Abuko Forest, Kiang West and so on.
And meet CrB in real life 😉
For now, I’m off to the Djoudj, Langue de Barbarie, Lompoul and Somone. Happy holidays!
(Featured image: “Beach Boys” by CrB, 2017)
Combien de Vautours charognards à Dakar?
Le Vautour charognard connaît l’un des déclins les plus drastiques de tous les oiseaux africains, accusant des chutes d’effectifs impressionnants. Au point de disparaître quasiment entièrement de certaines régions! C’est le cas par exemple du Niger ou du Mali, et de manière plus globale en Afrique de l’Est et australe hors des parcs nationaux et autres espaces protégés suffisamment vastes. La généralisation de ce déclin à travers la majeure partie de son aire a récemment justifié l’inclusion de ce vautour, tout comme plusieurs autres, sur la liste rouge d’espèces menacées d’extinction dans la catégorie « CR » (en danger critique d’extinction) par BirdLife International.
Ce vautour au nom peu imaginatif (car appartenant à un groupe d’oiseaux dont quasiment tous les membres sont charognards!), aussi connu sous le nom tout aussi peu évocateur de “Percnoptère brun”, est encore relativement commun à Dakar. On les voit effectivement un peu partout survolant la ville, y compris chez moi aux Almadies, près du bureau à Sacré-Cœur, sur les lampadaires de l’autoroute ou encore le long de la Corniche entre les Mamelles et le Plateau… Il suffit généralement de scruter le ciel pendant 10-15 minutes pour en voir au moins un ou deux en train de tourner à la recherche de nourriture ou en route vers un dortoir nocturne.
Au premier abord on pourrait donc se dire que tout va bien. Et ben non… il se trouve que l’espèce a fortement régressé ici comme ailleurs sur le continent. Mais dans quelles proportions au juste ?
Depuis début 2016, Wim Mullié, Theo Peters et votre serviteur se sont intéressés de plus près au sujet, au point d’entamer des dénombrements aussi systématiques que possible et de rassembler toute information connue à propos de ce sympathique vautour. Wim en particulier a été instrumental dans la mise en œuvre de cette petite étude, qui a résulté en une presentation orale lors du congrès pan-africain d’ornithologie qui s’est tenu à Ngor en octobre dernier. Et surtout, un article sera publié prochainement dans la revue d’ornithologie africaine Ostrich. Nous avons pu estimer la population actuelle et il nous a été possible d’effectuer certaines comparaisons avec des données historiques, notamment celles obtenues par Jean-Marc Thiollay à la fin des années 60. De plus, nous avons cherché à identifier les causes probables du déclin accusé par le Vautour charognard à Dakar.
Donc justement, qu’en est-il de la situation actuelle ? Sur la base de multiples comptages aux dortoirs répartis à travers la ville effectués avant, pendant et vers la fin de la saison des pluies, nous estimons que l’effectif total se situe actuellement autour des 400 individus. En 1969, l’estimation faite par Jean-Marc – certes assez grossière, mais selon nous reflétant la bien la situation de l’époque – était de pas moins de 3000 individus ! C’est dire que le déclin est drastique.
La diminution progressive, peut-être même exponentielle, a sans doute commencé il y a plusieurs décennies, car déjà au milieu des années 90 Jean-Marc a noté des disparitions locales et des déclins importants dans plusieurs régions de l’Afrique de l’Ouest. Une étude menée par Jean-Pierre Couzi (lui aussi l’un des sept co-auteurs de notre publication) sur les oiseaux charognards et « détritivores » de Dakar avait abouti à environ 500 oiseaux, bien qu’il soit probable que l’effectif réel était plus élevé que cela.
Les raisons de ce déclin drastique (plus de 85% !) sont sans doute multiples, mais trois d’entre elles ressortent comme étant probablement les plus importantes :
- La disparition des sites de nidification et de nourrissage en raison de l’urbanisation galopante et incontrôlée mais aussi de meilleures pratiques d’hygiène (en particulier dans les abattoirs – pour le reste j’en conviens c’est un concept tout relatif lorsqu’on voit les tas de déchets en ville comme à la campagne),
- L’empoisonnement – intentionnel ou non – surtout à travers des poisons destinés aux chiens errants, dont une campagne à grande échelle a été initiée par les autorités en 2010 pour combattre la rage : entre 2011 et 2016, plus de 21 000 chiens ont ainsi été éradiqués au moyen d’appâts empoisonnés par la strychnine.
- La capture de vautours pour les besoins de la médecine traditionnelle et pour utilisation comme fétiches (rien que sur la Petite Côte, ceux-ci seraient utilisés contre la lèpre, les maux d’estomac et des reins, les parasites, pour se rendre invulnérable, pour réussir un examen et/ou se faire promouvoir, ou encore pour voir le futur… et ce autant chez les Sérère que les Wolof et les Bambara).
Cela dit, ce sont pour l’essentiel des hypothèses, et beaucoup de questions restent sans réponse: les raisons évoquées méritent d’être confirmées par des études plus poussées. Il reste beaucoup à apprendre sur cette espèce, aussi bien dans les zones où elle est en diminution que dans celles où il en reste encore beaucoup. Heureusement que ces zones existent encore, même pas trop loin d’ici : en Gambie, en Casamance, en Guinée-Bissau et à Conakry il reste énormément de Vautours charognards. Henriques-Baldé a estimé l’effectif bissau-guinéen à pas moins de 76 000 individus, et personnellement j’ai pu voir à quel point il y a des dizaines voire des centaines d’oiseaux à Ziguinchor, le Cap Skirring ou encore à Conakry. Plus de 3000 subsistent dans la région de Banjul. A l’autre opposé du spectre, j’ai pu constater l’absence ou la quasi-absence des Vautours charognards à Bamako, Ouagadougou ou encore Niamey.
Tout n’est donc pas perdu à Dakar et il est peut-être possible de ralentir la disparition de l’espèce dans nos cieux… mais il faudra y mettre les moyens et faire vite: préserver les sites de repos et de nidification, arrêter l’empoissonnement, stopper le commerce des parts de vautours (et surtout la demande de la part des consommateurs !), assurer la disponibilité de nourriture et ce particulièrement à travers une collaboration avec les abattoirs. Autant dire que le futur est loin d’être rose pour cet oiseau si caracteristique des villes sénégalaises
Je me trompe peut-être, mais je n’ai pas encore vu beaucoup d’actions de la part des quelques rares acteurs capables de les mettre en œuvre au niveau national voire régional – BirdLife surtout, mais aussi NCD et les diverses autorités compétentes. Des symposiums, dépliants, ateliers et autres déclarations politiques ne suffiront pas : ‘faudrait qu’ils se réveillent rapidement car bientôt ce sera trop tard…
Pour en savoir plus…