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Petite revue de la bibliographie ornithologique sénégalaise, 2016-2019 (Deuxième partie)

Si les publications passées en revue dans la première partie étaient en grande partie issues d’études scientifiques menées par des chercheurs académiques, les articles présentés ici sont pour la plupart rédigés par des ornithologues de terrain et de passionnés d’oiseaux fréquentant régulièrement le pays ou qui, comme moi, ont la chance d’y résider et de pouvoir apporter des contributions, certes modestes, à nos connaissances de l’avifaune. Finalement il y aura encore une troisième partie, sinon cet article serait un peu trop long et risquerait de devenir un peu trop ennuyeux!

On s’intéresse ici donc essentiellement au statut et à la répartition des oiseaux du Sénégal, avec dans l’ordre taxonomique les publications suivantes, toujours pour la période 2016-2019:

  • Mortalité massive de Puffins majeurs le long de la côte de la Gambie en juin 2011, et observations récentes au Sénégal: Barlow, Piot & Fox 2018. Great Shearwater Ardenna gravis mass mortality in The Gambia in June 2011, recent observations from Senegal, and evidence for migration patterns. Malimbus 40: 10-20.

Au moins 103 Puffins majeurs sont trouvés rejetés sur 7 km de plages en Gambie en juin 2011, constituant les premières données de l’espèce pour ce pays. Les mesures biométriques à partir de 18 crânes sont présentées et nous résumons les observations publiées pour le Sénégal, la Mauritanie et les îles du Cap-Vert, tout en rapportant de nouvelles informations pour le Sénégal (issues de mes suivis de la migration devant Ngor!). Les mouvements de Puffins majeurs suivis par satellite depuis les sites de reproduction de l’Hémisphère Sud vers l’Atlantique Nord ainsi que leurs stratégies de nourrissage au cours de leur migration sont discutés. La faim est proposée comme cause probable de la mort des oiseaux échoués.

Nous avons également pu contribuer des données récentes obtenues à Ngor à deux autres articles récents traitant d’observations d’oiseaux de mer en Gambie, rédigés par nos collègues gambiens Clive Barlow et Geoff Dobbs :

  • Barlow 2017. First proof of Sooty Shearwater Puffinus griseus in The Gambia, May 2012. Malimbus 39: 56-58 [Première preuve pour le Puffin fuligineux en Gambie, en mai 2012]
  • Barlow & Dobbs 2019. New observations of five species of pelagic seabirds in The Gambia in early 2018, with information from previous years. Malimbus 41: 32-40 [Nouvelles observations de cinq espèces d’oiseaux de mer en janvier-février 2018 en Gambie].
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Great Shearwater / Puffin majeur, Ngor, Nov. 2017 (BP)

 

  • Le Grèbe castagneux, aujourd’hui une espèce reproductrice résidente en Gambie, avec une aire de reproduction au Sénégal étendue: Barlow, Piot & Bargain 2018. Little Grebe Tachybaptus ruficollis now a breeding resident in The Gambia, with an expanded breeding range in Senegal. Malimbus 40: 47-54.

Nous rapportons ici l’historique du Grèbe castagneux en Gambie et au Sénégal, en fournissant des données nouvelles sur la reproduction et de nouveaux sites de nidification depuis 2001. L’utilisation de plans d’eau artificiels en tant que sites de nidification contribue à l’extension de la saison de reproduction ainsi que de l’aire de répartition dans cette région.

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Sites de nidification du Grèbe castagneux au Sénégal et en Gambie

 

  • Taille de la population et phénologie de reproduction du Phaéton à bec rouge aux Iles de la Madeleine: Diop et al. 2019. Population Size and Breeding Phenology of Red-Billed Tropicbirds (Phaethon aethereus) on Iles de la Madeleine, Senegal. Waterbirds 42: 100-106.

La phénologie de reproduction et la répartition dans les sites de nidification des phaétons ont fait l’objet d’un suivi du 6 juin 2014 au 18 mai 2016 dans le PN des Îles de la Madeleine, avec des visites tous les 15 jours pour enregistrer les nids actifs et leur contenu. Ngoné et ses collegues trouvé jusqu’à 76 sites de nidification mais seulement 49 étaient actifs en 2014-2015 et 45 en 2015-2016. Les phaétons se reproduisent tout au long de l’année, mais le nombre de nids actifs a culminé d’octobre à janvier, ce qui peut être lié au caractère saisonnier de l’upwelling océanique. Les nids ont été regroupés dans quatre zones et leur répartition et leur occupation peuvent être liées à la direction du vent pendant le pic de reproduction saisonnier d’octobre à mai. Le succès de reproduction était généralement élevé (62,9% en 2014-2015 et 47,3% en 2015-2016) par rapport aux autres colonies se reproduisant dans des eaux moins productives. Étant donné la singularité et la petite taille de cette population, une surveillance, une gestion et une protection stricte sont nécessaires pour garantir sa viabilité.

  • Effectif exceptionnel de Vautours percnoptères observé au Sénégal en novembre 2017, avec historique et actualisation de son statut au Sénégal et en Gambie: Caucanas, Piot, Barlow & Phipps 2018. A major count of the Egyptian Vulture Neophron percnopterus in Senegal in November 2017, with notes on its history and current status in Senegal and The Gambia. Malimbus 40: 55-66.

Nous rapportons l’observation d’un groupe de 30 Percnoptères d’Egypte le 26/11/17 dans la RNC du Boundou, soit le groupe le plus important jamais documenté au Sénégal et en Gambie et l’un des plus importants pour le Sahel. En déclin rapide dans la plus grande partie de son aire de répartition, nous dressons un état des lieux des observations et données obtenues par suivi GPS depuis la première mention en 1913, et nous proposons qu’elle soit considérée comme migratrice peu fréquente ne nichant pas dans ces deux pays, étant régulière seulement dans l’extrême est du Sénégal.

  • Déclin d’une population urbaine de Vautours charognards sur 50 ans à Dakar: Mullié et al. 2017. The decline of an urban Hooded Vulture Necrosyrtes monachus population in Dakar, Senegal, over 50 years. Ostrich 88: 131-138.

A Dakar, comme dans de nombreux centres urbains de l’Afrique de l’Ouest, les Vautours charognards ont toujours été des charognards urbains caractéristiques. Le récent déclin dans d’autres parties de l’Afrique a motivé, en 2015, son inscription sur la Liste rouge de l’UICN comme espèce menacée « En danger critique d’extinction ». Comme nous l’avons déjà rapporté, nous avons mené une enquête sur son statut actuel à Dakar afin d’effectuer une comparaison avec les données disponibles depuis un demi-siècle. Une forte baisse (>85%) a été notée, la population estimée passant de 3’000 individus en 1969 à seulement 400 en 2016. Ce déclin correspond aux chutes constatées ailleurs en Afrique mais contraste avec les populations apparemment stables de la Gambie à la Guinée. Les causes probables sont 1) une urbanisation galopante entraînant une perte de sites d’alimentation et une réduction de la disponibilité de nourriture, 2) un empoisonnement accru de chiens sauvages due à une recrudescence de la rage et 3) une disparition accrue des arbres appropriés pour la nidification et le repos.

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Hooded Vulture / Vautour charognard, Technopole, June 2019 (BP)

 

  • Voies de migration de la population méditerranéenne de la Sterne voyageuse: Hamza et al. 2017. Migration flyway of the Mediterranean breeding Lesser Crested Tern Thalasseus bengalensis emigrates. Ostrich 88: 53-58.

Un programme de baguage a été mis en place de 2006 à 2012 dans les colonies de Libye, soit les seules sites en Méditerrannée. A partir d’un total de 1354 couvées baguées à l’aide de bagues métalliques et/ou couleurs, 64 ont été retrouvées le long de leur voie migratoire ou sur leur aire d’hivernage.

Cependant, les auteurs écrivent que « le Sénégal et la Gambie sont au cœur de l’aire d’hivernage, » affirmation erronée rectifiée par Dowsett & Isenmann 2018 (Wintering area of the Libyan breeding population of Lesser Crested Tern. Alauda 86: 65-68) qui démontrent que la principale zone d’hivernage se trouve en Guinée-Bissau et en Sierra Leone. Bien que quelques dizaines à quelques centaines d’oiseaux hivernent bel et bien en Sénégambie, l’essentiel des nicheurs libyens hiverne donc un peu plus au sud. Cela n’enleve cependant en rien la conclusion de Hamza et collègues, comme quoi « la conservation de cette population particulièrement localisée et menacée ne réclame pas seulement une protection des sites de reproduction mais également celle des escales migratoires et des sanctuaires d’hivernage»

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Lesser Crested Tern / Sterne voyageuse portant une bague posée en Libye, Ngor, May 2013 (P. Robinson)

 

  • Un afflux de Hiboux des marais en Afrique de l’Ouest pendant l’hiver 2017/18: Piot 2019. An influx of Short-eared Owls Asio flammeus in West Africa in winter 2017/18.  Bull. ABC 26: 206-212 [publication prévue dans le prochain numéro, en septembre].

Pendant l’automne 2017 et l’hiver 2017/18, un afflux sans précédent a eu lieu en Afrique de l’Ouest et particulièrement au Sénégal ; des observations ont également été réalisées en Gambie, en Guinée-Bissau et en Mauritanie. Entre début novembre 2017 et mi-avril 2018, 22 observations concernant au moins 24 oiseaux ont été rapportées: ceux-ci ont peut-être hiverné plus au sud que d’habitude en raison des rudes conditions hivernales en Europe de l’Ouest. Les effectifs fluctuent probablement aussi en fonction des densités d’acridiens au Sahel, où une part importante du régime alimentaire peut être constituée d’insectes. L’espèce devrait y être considérée comme un migrateur régulier et un hivernant localement peu commun en petit nombre, avec des variations interannuelles importantes. La rareté des observations dans la région est probablement due aux habitudes crépusculaires et nocturnes de l’espèce, et aussi à une présence très limitée d’observateurs.

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Short-eared Owl / Hibou des marais, Technopole, Dec. 2017 (BP)

 

  • L’étude par géolocalisateurs révèle que le Martinet unicolore des Canaries hiverne en Afrique de l’Ouest équatoriale: Norton et al. Geolocator study reveals that Canarian Plain Swifts Apus unicolor winter in equatorial West Africa. Publié sur le site de l’African Bird Club (je suppose qu’un article formel suivra; cliquez le lien pour obtenir le PDF).

Même s’il ne s’agit pas d’une étude sénégalaise, elle a toute son importance pour nous: en effet, le suivi par géolocalisateurs a montré que le Martinet unicolore hiverne dans la zone forestière de l’Afrique de l’Ouest, et que l’espèce fait partie de l’avifaune du Sénégal. C’était sans doute l’une des grandes découvertes de ces dernières années – tout comme nos Martinets horus, dont un article portant sur notre étonnante trouvaille de janvier 2018 est en cours de préparation.

En juillet 2013, 16 Martinets unicolores, espèce endémique des Canaries qu’on pensait lagement sedentaire (ailleurs, vu seulement dans les régions cotières du nord-ouest de l’Afrique), ont été équipés de géolocalisateurs dans deux colonies de reproduction sur Tenerife. (Un géolocalisateur, minuscule appareil électronique pesant moins d’un gramme, mesure l’intensité du rayonnement solaire et l’heure, et enregistre ces données pendant une année; au retour de l’oiseau, celles-ci permettent de reconstituer son itinéraire). Parmi ces 16 individus, deux ont par la suite été retrouvés dans la colonie. Les deux oiseaux ont passé la majeure partie de l’hiver dans les forêts de l’est du Libéria. Ils ont quitté la colonie en octobre et novembre respectivement, et ont parcouru au moins 2’600 km pour hiverner, passant toute la période d’hivernage jusqu’en mars-avril 2014 dans les forêts de la Haute-Guinée au Libéria, en Guinée et en Côte d’Ivoire. La route migratoire prénuptiale comprenait le passage dans plusieurs pays où l’espèce n’avait là non plus jamais encore été signalée, dont le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone. L’étude souligne l’importance de l’écosystème forestier de la Haute-Guinée pour au moins certains Martinets unicolores, les oiseaux passant plus de la moitié de l’année dans ce hotspot de biodiversité. Elle montre également qu’il devrait donc être possible d’observer cette espèce in natura au Sénégal, notamment en automne et au printemps, même si l’identification sera forcément délicate.

  • La Fauvette de Moltoni au Sénégal et en Afrique de l’Ouest: Piot & Blanc 2017. Moltoni’s Warbler Sylvia subalpina in Senegal and West Africa. Malimbus 39: 37-43.

Récemment élevée au rang d’espèce après la révision taxonomique du complexe des Fauvettes passerinettes, l’aire d’hivernage de la Fauvette de Moltoni était en grande partie inconnue. A la suite d’observations récentes au Sénégal, où sa présence a été enregistrée annuellement depuis 2013, nous avons passé en revue les observations faites en Afrique de l’Ouest : celles-ci suggèrent que l’espèce est largement répartie dans le Sahel, du Sénégal au Nigéria. Il semble que l’espèce soit plus abondante à l’est de cette zone, cependant l’aire de répartition précise et son abondance nécessitent plus de recherches, tout comme ses stratégies de mue et de migration.

  • Rose et al. 2016. Observations ornithologiques au Sénégal. Malimbus 38: 15-22.

Cinq observations d’espèces rares ou peu communes sont décrites, toutes de janvier 2015, dont on peut cependant se poser la question si une publication était réellement nécessaire, car leur simple inclusion dans la rubrique des observations récentes de l’ABC aurait sans doute suffi. Quoiqu’il en soit, les auteurs relatent les observations d’un Onoré à huppe blanche dans le delta du Saloum (où l’espèce est maintenant assez régulièrement vue, à Toubacouta), d’un Hibou des marais aux Îles de la Madeleine, d’un Engoulevent du désert au Djoudj, d’un Martin-pêcheur azuré au Niokolo-Koba, et d’un Sirli du désert dans le Ndiael. La prédation d’un Héron garde-bœufs par un Aigle martial, ainsi que l’histoire de vie d’une Barge à queue noire baguée, sont également rapportées.

Black-tailed Godwits / Barges a queue noire

Dutch and English colour-rigned Black-tailed Godwits / Barges à queue noire baguées aux Pays-Bas et en Angleterre, Technopole Jan. 2016 (BP)

 

Deux autres notes courtes sont également à mentionner ici, la première traitant de notre observation d’une pie-grièche hybride du lac Tanma en 2017 (Piot & Caucanas 2019. A hybrid shrike Lanius in Senegal; publication prévue dans le prochain bulletin de l’ABC), l’autre d’une observation de plusieurs Travailleurs à bec rouge à env. 100 km au large de la côte sénégalaise, soit la donnée la plus éloignée du continent jusqu’à présent (Quantrill, R. 2017. Red-billed Queleas Quelea quelea at sea off Senegal. Bull. ABC 24: 216).

Puis au moins deux articles supplémentaires traitant du statut et de la distribution d’oiseaux au Sénégal sont prévues pour publication ces prochains mois, dans la revue Alauda : le premier sur les quartiers d’hiver et les voies de migration du Pouillot ibérique (Isenmann & Piot), le second sur les résultats de nos suivis 2017 et 2018 de la migration des oiseaux de mer à Ngor (première partie prévue en décembre, 2e partie en début d’année prochaine).

La troisième et dernière partie de notre petite série sur la literature ornithologique sénégalaise concernera la documentation des divers ajouts à l’avifaune du pays.

 

 

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A bit of news from our little neighbour

It’s about time we reported some news from Gambia on this blog.

Clive Barlow’s recent appointment as official bird recorder for The Gambia is a great excuse to do so. Given its peculiar enclaved geography – just like my home country, a bit of an accident of history, Gambia has always had close ties to Big Brother Senegal, in many ways – cultural, religious, linguistic, ethnic, economic… In the same way, Senegal’s and Gambia’s wildlife and ecosystems are of course intricately connected. A key difference, however, is that despite it being just about 6% of the size of its neighbour, The Gambia has a much higher density of resident birders, birding tours, and local guides, and as such is far better covered, ornithologically speaking, than Senegal.

Want some examples to illustrate the connections between the two? Here’s a first one: the wanderings of Abuko, one of several Gambian “Hoodies” that are equipped with satellite tracking devices. As a youngster, this particular Hooded Vulture was a keen traveler, having covered a good deal of central Senegal, Western Casamance (where it seemingly has taken up residence), and upriver Gambia. The map below shows its movements for the past 4 years.

Abuko movements 2017-12-03

 

Another example are the Slender-billed Gulls, Caspian Terns, and Royal Terns that breed in Senegal’s Saloum delta, many of which make it to The Gambia at some point. Take for instance Slender-billed Gull “POL” ringed as a chick in June 2014 at the Ile aux Oiseaux, and seen at Tanji Bird Reserve on 16/3/15, 14/4/15 and again the following winter, on 5/2/16. Among the 40+ other recoveries of the Saloum’s breeders in TG, another one is AUF: ringed on 15/6/15 at Jakonsa (also in the PNDS), it was seen on 26/8/15 at Tanji, and then almost a year later, on 26/6/16, at our very own Technopole.

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Slender-billed Gull / Goéland railleur “POL” (John Hamilton & CrB)

 

And now for the very official announcement of Clive’s appointment, by the West African Bird Study Association from Gambia (WABSA):

“As from 15 Oct 2017 WABSA is pleased to appoint Clive R Barlow as the voluntary Country Recorder for bird observations in The Gambia. WABSA intends an annual Gambia bird report & general update of activities for presentation to DPWM & this publication will then will be accessible to all resident ornithologists & visiting birders. The work will also compliment the GIS bio diversity project currently under planning at DPWM. More news of e.g. single species enquiries, colour ring reports, nest/breeding records, will be notified as the project develops. In the meantime various report forms are being developed but feel welcome to email your ad hoc records, trip reports etc past, present & future to CliveRB [email]. Additionally, all related field research activities will involve WABSA and DPWM staff also to partake voluntarily in the absence or presence of funding. ”

So, if you visit TG: please send your records, whether of common birds or rarities, to Clive.

Clive also runs a project on the phenology of Paleartic passerine migrants to The Gambia, running from as far back as 1965 to present, systematically recording the first arrival  and last departure dates in the coastal area (Banjul – Tujering). In 2017, we have for instance the last record of Western Olivaceous Warbler in 29/03, with the first return bird as early as 28/07, while Subalpine Warbler was last seen on 26/04 and had a first returning bird on 06/10; Common Swift 14/04 & 30/07, etc. The first Common Nightingale of the autumn was heard singing on 13/11.

Watch this space for more trans-border collaborations and publications! (next up: Great Shearwater in Senegambia, status of Kelp Gull, and more!).

I certainly hope to make it to TG some time soon, to see what’s all the fuss about and visit some of the hotspots such as Tanji, Kartong, Abuko Forest, Kiang West and so on.

And meet CrB in real life 😉

 

For now, I’m off to the Djoudj, Langue de Barbarie, Lompoul and Somone. Happy holidays!

 

(Featured image: “Beach Boys” by CrB, 2017)

 

 

 

Combien de Vautours charognards à Dakar?

Le Vautour charognard connaît l’un des déclins les plus drastiques de tous les oiseaux africains, accusant des chutes d’effectifs impressionnants. Au point de disparaître quasiment entièrement de certaines régions! C’est le cas par exemple du Niger ou du Mali, et de manière plus globale en Afrique de l’Est et australe hors des parcs nationaux et autres espaces protégés suffisamment vastes. La généralisation de ce déclin à travers la majeure partie de son aire a récemment justifié l’inclusion de ce vautour, tout comme plusieurs autres, sur la liste rouge d’espèces menacées d’extinction dans la catégorie « CR » (en danger critique d’extinction) par BirdLife International.

Ce vautour au nom peu imaginatif (car appartenant à un groupe d’oiseaux dont quasiment tous les membres sont charognards!), aussi connu sous le nom tout aussi peu évocateur de “Percnoptère brun”, est encore relativement commun à Dakar. On les voit effectivement un peu partout survolant la ville, y compris chez moi aux Almadies, près du bureau à Sacré-Cœur, sur les lampadaires de l’autoroute ou encore le long de la Corniche entre les Mamelles et le Plateau… Il suffit généralement de scruter le ciel pendant 10-15 minutes pour en voir au moins un ou deux en train de tourner à la recherche de nourriture ou en route vers un dortoir nocturne.

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Hooded Vulture / Vautour chargnard, baie de Hann, août 2016

Au premier abord on pourrait donc se dire que tout va bien. Et ben non… il se trouve que l’espèce a fortement régressé ici comme ailleurs sur le continent. Mais dans quelles proportions au juste ?

Depuis début 2016, Wim Mullié, Theo Peters et votre serviteur se sont intéressés de plus près au sujet, au point d’entamer des dénombrements aussi systématiques que possible et de rassembler toute information connue à propos de ce sympathique vautour. Wim en particulier a été instrumental dans la mise en œuvre de cette petite étude, qui a résulté en une presentation orale lors du congrès pan-africain d’ornithologie qui s’est tenu à Ngor en octobre dernier. Et surtout, un article sera publié prochainement dans la revue d’ornithologie africaine Ostrich. Nous avons pu estimer la population actuelle et il nous a été possible d’effectuer certaines comparaisons avec des données historiques, notamment celles obtenues par Jean-Marc Thiollay à la fin des années 60. De plus, nous avons cherché à identifier les causes probables du déclin accusé par le Vautour charognard à Dakar.

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Hooded Vulture / Vautour charognard adulte, photographié depuis mon balcon

Donc justement, qu’en est-il de la situation actuelle ? Sur la base de multiples comptages aux dortoirs répartis à travers la ville effectués avant, pendant et vers la fin de la saison des pluies, nous estimons que l’effectif total se situe actuellement autour des 400 individus. En 1969, l’estimation faite par Jean-Marc – certes assez grossière, mais selon nous reflétant la bien la situation de l’époque – était de pas moins de 3000 individus ! C’est dire que le déclin est drastique.

La diminution progressive, peut-être même exponentielle, a sans doute commencé il y a plusieurs décennies, car déjà au milieu des années 90 Jean-Marc a noté des disparitions locales et des déclins importants dans plusieurs régions de l’Afrique de l’Ouest. Une étude menée par Jean-Pierre Couzi (lui aussi l’un des sept co-auteurs de notre publication) sur les oiseaux charognards et « détritivores » de Dakar avait abouti à environ 500 oiseaux, bien qu’il soit probable que l’effectif réel était plus élevé que cela.

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Hooded Vulture / Vautour charognard sur bassin petrolier, Hann, août 2016

Les raisons de ce déclin drastique (plus de 85% !) sont sans doute multiples, mais trois d’entre elles ressortent comme étant probablement les plus importantes :

  • La disparition des sites de nidification et de nourrissage en raison de l’urbanisation galopante et incontrôlée mais aussi de meilleures pratiques d’hygiène (en particulier dans les abattoirs – pour le reste j’en conviens c’est un concept tout relatif lorsqu’on voit les tas de déchets en ville comme à la campagne),
  • L’empoisonnement – intentionnel ou non – surtout à travers des poisons destinés aux chiens errants, dont une campagne à grande échelle a été initiée par les autorités en 2010 pour combattre la rage : entre 2011 et 2016, plus de 21 000 chiens ont ainsi été éradiqués au moyen d’appâts empoisonnés par la strychnine.
  • La capture de vautours pour les besoins de la médecine traditionnelle et pour utilisation comme fétiches (rien que sur la Petite Côte, ceux-ci seraient utilisés contre la lèpre, les maux d’estomac et des reins, les parasites, pour se rendre invulnérable, pour réussir un examen et/ou se faire promouvoir, ou encore pour voir le futur… et ce autant chez les Sérère que les Wolof et les Bambara).

Cela dit, ce sont pour l’essentiel des hypothèses, et beaucoup de questions restent sans réponse: les raisons évoquées méritent d’être confirmées par des études plus poussées. Il reste beaucoup à apprendre sur cette espèce, aussi bien dans les zones où elle est en diminution que dans celles où il en reste encore beaucoup. Heureusement que ces zones existent encore, même pas trop loin d’ici : en Gambie, en Casamance, en Guinée-Bissau et à Conakry il reste énormément de Vautours charognards. Henriques-Baldé a estimé l’effectif bissau-guinéen à pas moins de 76 000 individus, et personnellement j’ai pu voir à quel point il y a des dizaines voire des centaines d’oiseaux à Ziguinchor, le Cap Skirring ou encore à Conakry. Plus de 3000 subsistent dans la région de Banjul. A l’autre opposé du spectre, j’ai pu constater l’absence ou la quasi-absence des Vautours charognards à Bamako, Ouagadougou ou encore Niamey.

Tout n’est donc pas perdu à Dakar et il est peut-être possible de ralentir la disparition de l’espèce dans nos cieux… mais il faudra y mettre les moyens et faire vite: préserver les sites de repos et de nidification, arrêter l’empoissonnement, stopper le commerce des parts de vautours (et surtout la demande de la part des consommateurs !), assurer la disponibilité de nourriture et ce particulièrement à travers une collaboration avec les abattoirs. Autant dire que le futur est loin d’être rose pour cet oiseau si caracteristique des villes sénégalaises

Je me trompe peut-être, mais je n’ai pas encore vu beaucoup d’actions de la part des quelques rares acteurs capables de les mettre en œuvre au niveau national voire régional – BirdLife surtout, mais aussi NCD et les diverses autorités compétentes. Des symposiums, dépliants, ateliers et autres déclarations politiques ne suffiront pas : ‘faudrait qu’ils se réveillent rapidement car bientôt ce sera trop tard…

Hooded Vulture / Vautour charognard

Hooded Vulture / Vautour charognard adulte au Technopole, avril 2016

Pour en savoir plus…

Buij R, et al. (2016): Trade of threatened vultures and other raptors for fetish and bushmeat in West and Central Africa. Oryx 50: 606-616.

Jallow et al. (2016): High population density of the Critically Endangered Hooded Vulture Necrosyrtes monachus in Western Region, The Gambia, confirmed by road surveys in 2013 and 2015. Malimbus 38: 23-28.

Ogada et al. (2015): Another Continental Vulture Crisis: Africa’s Vultures Collapsing toward Extinction. Conservation Letters 9: 89-97.

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