Popenguine encore

Avec un peu (même beaucoup) de retard, voici un bref compte-rendu de nos visites les plus récentes à la réserve de Popenguine. D’abord en février puis début avril et de nouveau il y a quelques jours pour ce qui était pour moi une première visite en juillet sur le site. La visite de février en compagnie agréable de mes amis genevois (17/2), la deuxième en solo lors d’un séjour au lodge de Dalaal Diam en bordure de la lagune de Somone (3/4), et la plus récente avec David, ornitho de passage à Dakar (29/7).

Comme d’habitude, chaque sortie apporte son lot de surprises et de nouvelles connaissances sur ce coin, et notamment lors de l’hivernage il y a des chances de trouver des espèces intéressantes, la plupart des visites précédentes ayant eu lieu pendant la saison sèche.

On commence par le plus fort et le moins attendu: un Turnix mugissant, levé lors de la sortie en février (Common [aka Small] Buttonquail). Pas tout à fait sûr de ce que c’était lorsque l’un de nous l’a fait décoller, on part à sa recherche: pas facile de le relocaliser! Ce n’est qu’en passant à moins d’un mètre de l’oiseau qu’il s’extrait à toute vitesse de sa planque, pourtant bien camouflé… Lors du deuxième envol on a vu que ça ne pouvait être qu’un turnix et non une caille, vu sa taille très réduite. Afin de s’assurer qu’il s’agissait bien d’un Turnix mugissant (= T. d’Andalousie) et pour permettre à tout le monde de le voir, on l’a relocalisé encore une fois avant de le laisser tranquille.

Turnix d'Andalousie

Common Buttonquail / Turnix mugissant (A. Barbalat)

 

Cet hémipode – du Grec “demi pied” en raison de l’absence de doigt arrière, genre Pic tridactyle – figurait déjà sur la liste des oiseaux de la réserve établie en 1984-’86 par Charles Rouchouse, mais je doute qu’il y ait eu beaucoup d’observations depuis. C’est sans doute un oiseau assez répandu au Sénégal, juste pas facile à voir!

En avril, la surprise vient d’une espèce encore plus répandue mais que je ne vois que rarement, et encore moins sur le nid: un Grand-duc de Verreaux qui semble en train de couver dans une anfractuosité de la falaise (Verreaux’s Eagle-Owl). La photo ci-dessous a été prise du haut de la falaise à bonne distance du nid donc sans dérangement aucun (on devine tout de même ce qui doit être un œuf à droite sous l’oiseau!).

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Verreaux’s Eagle-Owl / Grand-duc de Verreaux

 

Cette observation est intéressante, car le site de nidification en falaise et non dans un vieux nid arboricole d’une autre espèce serait plutôt inhabituel pour ce hibou géant. Malheureusement je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner assez rapidement pour voir ce qu’il en est de cette nichée (à Ndiaffate près de Kaolack, un famille locale avait déjà quitté l’arbre de nidification lorsque nous y sommes passés à la mi-juin).

 

Ensuite quelques classiques de la réserve, comme ce Beaumarquet melba:

Beaumarquet melba

Green-winged Pytillia / Beaumarquet melba (A. Barbalat)

 

Ou encore les Marinets des baobabs (= M. d’Ussher, Mottled Spinetail), Traquets bruns, (Northern Anteater Chat), le Rollier varié (Purple Roller), les Erémomèles à dos vert,  le Bruant d’Alexander (Gosling’s Bunting – plutôt discret en février et avril, chantant timidement en juillet), et j’en passe.

Le début de la saison des pluies marque l’arrivée de plusieurs migrateurs intra-africains: dimanche dernier, on a ainsi noté quelques Coucous didricsMartin-pêcheurs pygmés et Martin-pêcheurs du Senegal (Diederik Cuckoo, Pygmy & Woodland Kingfishers). Avec l’ajout de cette dernière, la liste des oiseaux de la réserve s’établit à au moins 189 espèces et plus probablement plutôt 200 à 210 (je vous avais dit que j’aime les listes!)

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African Grey Hornbill / Calao a bec noir

 

En hiver – à ne pas confondre avec le terme hivernage, utilisé pour désigner la saison des pluies ici – on a bien sur eu du Monticole bleu avec juste un mâle vu en février et au moins une femelle en avril, et environ cinq Hirondelles de rochers en février, ces dernières n’étant logiquement plus présentes début avril (Blue Rock Thrush & Crag Martin).

Monticole bleu

Blue Rock Thrush / Monticole bleu (Alain Barbalat)

 

Comme toujours aussi bien l’Agrobate podobé que l’Agrobate roux (Black & Rufous-tailed Scrub-Robins) fréquentent Popenguine, tous les deux apparemment nicheur. L’Agrobate roux semble atteindre ici plus ou moins sa limite meridionale sur les cotes sénégalaises; au moins un chanteur était encore présent en juillet, et cet individu photographié en avril avait tout l’air d’être un authentique africain, soit la ssp. minor qui niche à travers le Sahel.

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Rufous-tailed Scrub-Robin / Agrobate roux (ssp. minor)

Par contre, cet autre agrobate vu début avril semble plutot être un oiseau de la sous-espèce nominale, soit un hivernant venu du bassin méditerrannéen. Malgré le contre-jour, on voit une nette barre subterminale noire bien large, critère principal pour le distinguer de la (sous-)espèce minor.

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Rufous-tailed Scrub-Robin / Agrobate roux (ssp. galactotes)

 

En tournant le regard vers la mer, en février on a eu quelques Fous de BassanSternes voyageuses et royales, au moins deux Labbes “pomasites” (= pomarin ou parasite!), quelques Goélands d’Audouin, etc. (Northern Gannet, Lesser Crested & Royal Tern, Skuas, Audouin’s Gull).

Dans le ciel, quelques rapaces hivernants avec notamment un Faucon pèlerin et ce Circaète Jean-le-Blanc, mais à part quelques Balbuzards (sans doute des jeunes estivant sur la Petite Côte) et Milans à bec jaune il n’y avait point de rapaces lors de notre visite le 29/7, peut-etre trop matinale pour les rapaces! (Peregrine, Short-toed Eagle, Osprey, Yellow-billed Kite)

 

Circaète Jean-le-blanc

Short-toed Eagle / Circaète Jean-le-Blanc imm. (A. Barbalat)

 

Donc comme toujours pas mal d’oiseaux avec une belle diversité à la clé, mais la réserve a soif… la petite pluie de fin juin n’a pas suffi pour véritablement démarrer l’explosion de verdure et de vie qui, on l’espère, ne tardera pas à venir ces prochaines semaines. L’étang n’est plus qu’un fond de de vase qui n’attend que la pluie – et avec elle, les oiseaux!

 

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Vue depuis le Cap de Naze vers le sud: le village de Guéréo

 

Pour une présentation plus complète de la réserve naturelle de Popenguine, voir cet article

 

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